Le PS dans le piège de la primaire

En 2012, la gauche présentait les primaires comme indispensables à la démocratie. Un quinquennat plus tard, les socialistes vont-ils s'en mordre les doigts ?

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François Hollande et Martine Aubry lors de la primaire socialiste en 2011.
François Hollande et Martine Aubry lors de la primaire socialiste en 2011. © Thomas Samson / AFP

Temps de lecture : 2 min

France Inter : Ce matin, la nouvelle étincelle qui va enflammer les débats à gauche, encore une... La primaire est de retour, et c'est encore une mauvaise nouvelle pour Hollande ?

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Charlotte Chaffanjon : Oui. D'abord, petit rappel : la primaire, c'est ce que le PS avait organisé en 2011 pour désigner son candidat à la présidentielle. Souvenez-vous : n'importe qui pouvait, contre un euro, venir voter pour désigner le socialiste qui affronterait Sarkozy. C'est François Hollande qui l'avait emporté. Pour 2017, personne n'avait encore osé mettre vraiment le sujet sur la table... Parce que la gauche est au pouvoir et que, donc, logiquement, François Hollande devrait se représenter pour un deuxième mandat...

Et puis voilà, un membre du gouvernement a mis les pieds dans le plat lundi. C'est Thierry Mandon, secrétaire d'État à la Simplification. "La primaire, pour moi, elle est indispensable, pas pour faire du tir au pigeon contre X ou Y, ou pour écarter telle candidature, y compris celle du président de la République s'il réussissait son quinquennat et qu'il voulait se représenter. Elle est indispensable parce que (...) ce que vous ne réglez pas dans une primaire, vous le retrouvez au premier tour de la présidentielle", a-t-il déclaré.

Il n'est pas le seul à le penser, je pense à quelqu'un comme Julien Dray ou à l'aile la plus à gauche du PS. Mais le profil de Thierry Mandon est intéressant : ce n'est pas un frondeur, il ne parle pas en opposant à François Hollande. Il est même persuadé que la politique du président va porter ses fruits.

Alors pourquoi lui mettre des bâtons dans les roues ?

Mandon, c'est un proche d'Arnaud Montebourg, avec qui il a beaucoup travaillé dans le passé. En 2011, c'est cette bande-là qui a importé la primaire en France. Avec le président du think tank Terra Nova Olivier Ferrand - qui est décédé depuis -, ils avaient fait plusieurs voyages aux États-Unis pour s'inspirer du système américain de sélection des candidats. Ce que pense Thierry Mandon, c'est qu'il faut recommencer à s'inspirer des Américains. Là-bas, président sortant ou pas, un politique est toujours désigné candidat par un vote, même si c'est une formalité.

Donc il faudrait en faire ?

L'expérience de 2011 avait été très positive. Plus de 3 millions de personnes s'étaient déplacées pour voter, pas uniquement des électeurs de gauche. Les débats télévisés entre les candidats portaient sur le fond, étaient de bonne tenue. Des piques avaient été échangées, Aubry accusant Hollande d'être mou... Mais ce fut suffisamment concluant pour que la droite décide de faire la même chose après avoir critiqué le processus vivement !

La gauche présentait les primaires comme indispensables à la démocratie. Ça va être très compliqué d'expliquer aujourd'hui que ce n'est pas nécessaire. Du coup, certains ont un peu l'impression d'avoir accouché d'un monstre qui se retourne contre eux. Parce que vu la popularité catastrophique de François Hollande, ce qui devrait être un débat très intéressant sur l'évolution de notre système va fatalement se transformer en remise en cause de sa légitimité.

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Commentaires (52)

  • rigols

    Que ce soit Sarkozy ou Hollande ils sont contestés dans leur propre camp ce qui prouve le peu de crédit qu'il leur reste.
    On aurait jamais vu ça du temps de De gaulle ou Mittérrand !
    Ils s'accrochent pourtant désespérément l'un et l'autre profitant de toutes les failles du systéme
    C'est vraiment lamentable et le mot est faible.

  • mainatework

    Dans l'article, il est suggéré que des électeurs de droite (ou du centre droit) ont pu voter à la primaire de 2011. Cela ne dérange peut-être pas les socialistes, mais moi cela m'interpelle sur le plan des principes. Pour 2016, et avant cette échéance, il faudra sans doute s'attendre à ce qu'il y ait de vifs débats à droite concernant l'éventualité que des électeurs de gauche (voire d'autres électeurs) viennent fausser le résultat, en venant par exemple voter en grand nombre pour M. Juppé. Établir tel ou tel principe général quant à la participation sera difficile et fera débat, et ensuite en fixer les modalités concrètes (inscription à une charte par exemple, et sur quelles bases ?) feront également débat.

    Tout ceci serait plus simple si on en venait à une élection à trois tours. Premier tour, expression des diversités. Deuxième tour, débat plus ressérré pour les pointures majeures (ayant obtenu un certain pourcentage de voix). Et troisième tour entre les deux finalistes. Tous les problèmes de primaires seraient d'un coup réglés, et ce ne serait pas le moindre des avantages de cette avancée. Dommage que cela ne puisse pas être appliqué de toute façon pour 2017.

  • FLYTOXX

    On indéniablement donné une image positive au PS et on été l’occasion d’un formidable battage publicitaire dans les médias pendant près de deux mois.
    Par contre, quand on voit le résultat… il est vraiment permis de s’interroger sur l’efficacité du système !