«Fléau de l'ombre», l'inceste est beaucoup plus répandu que ce que l'on croit et la prévention reste défaillante : c'est le constat des professionnels de la santé et de la justice, 25 ans après l'adoption de la Convention internationale des droits de l'enfant. En raison des défaillances du repérage, l'inceste serait «10 fois plus fréquent que ce que l'on sait» car entouré d'un tabou très fort, a estimé mercredi lors d'un colloque à Paris Cédric Grouchka, membre du Collège de la Haute autorité de santé. Selon lui, il s'agit d'un «fléau de santé publique de l'ombre».
Selon un sondage pour l'Association internationale des victimes de l'inceste (AIVI) qui date de 2009, il y aurait en France près de deux millions de personnes touchées par ce type de violence sexuelle. Pour Isabelle Aubry, présidente de l'association, ce chiffre «est sûrement sous-estimé». 90% des agresseurs incestueux sont des hommes, et plus de 70% sont les grands-pères, pères ou frères des victimes.
Autre difficulté, l’inceste n’étant pas spécifiquement nommé dans le Code pénal, on ne possède pas de données exactes sur le nombre de condamnations prononcées chaque année. En moyenne, a expliqué Isabelle Aubry, une victime d’inceste, lorsqu’elle confie les violences subies, ne le fait que 16 ans plus tard.
Culture de la «suspicion»
Face à ces données alarmantes, les professionnels déplorent une forte culture de la «suspicion». Selon l'AIVI, seulement 30% des proches qui recevraient les aveux d'une