Consommation: «Les Français vont vouloir davantage de transparence environnementale»
INTERVIEW•Une étude de l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la maitrise de l’énergie) dévoilée en exclusivité par «20 Minutes» dessine l’évolution des modes de production et de consommation des Français à l’horizon 2030…
Propos recueillis par Romain Lescurieux
Comment mieux concilier consommation et environnement d’ici 15 ans? C’est la question à laquelle l’Ademe a tenté de répondre à travers un exercice inédit. Dans son «scénario prospectif» dévoilée en avant-première ce vendredi par 20 Minutes, ses experts se sont attachés à donner une vision à l’horizon 2030 «des changements technologiques, économiques et sociaux nécessaires à la réduction de l’empreinte environnementale de la consommation des ménages français. Anne Varet, directrice recherche et prospective à l’Ademe décrypte pour 20 Minutes ses conclusions.
Quelles conclusions peut-on tirer de cette étude de l’Ademe?
Nous avons mené un travail de réflexion prospective sur la consommation des Français avec l’idée qu’il fallait aller plus loin que nos précédentes études pour proposer une véritable vision à long terme du système énergétique français. Nous avons donc établi un état des lieux de l’ensemble des impacts environnementaux et pas seulement sur les émissions de gaz à effet de serre. Nous nous sommes par exemple intéressés à l’acidification. Et ce, de la production à la consommation des produits. Ainsi, selon notre scénario – en prenant en compte ce qui dessine dans les années à venir - il est possible d’atteindre une réduction de 17% de l’empreinte carbone des Français d’ici 2030.
Quelles vont être les nouvelles pratiques de consommation des Français?
Jusqu’à 2020, un certain nombre de tendances de la consommation vont évoluer. Dans un premier temps, les Français vont vouloir davantage de transparence environnementale car leur rapport au climat change et ils vont être de plus en plus sensibles à la consommation durable. Ils vont vouloir consommer d’une meilleure façon, et n’hésiteront pas à privilégier la qualité à la quantité pour 80% d’entre eux. Enfin, ils vont prendre conscience que la protection de l’environnement peut jouer sur la croissance et ils se tourneront également plus vers le partage et la mutualisation des services.
Dans quel domaine cela va particulièrement évoluer?
Il est possible de réduire l’empreinte carbone en 15 ans dans le secteur du bâtiment et de la mobilité, et ce sans révolution technologique. Nous avons mené des réflexions qui ont abouti à des recommandations dans ces deux domaines, comme le fait d’améliorer l’efficacité thermique du parc de logement, réduire l’impact des matériaux ou encore optimiser ses déplacements en se tournant vers le covoiturage. Nous nous sommes également penchés sur l’alimentation en mentionnant notamment gaspillage. Enfin, en ce qui concerne les produits électriques et électroniques nous recommandons par exemple la réparation, le prêt ou la location plutôt que l’achat.