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NKM : "La classe politique est dure pour les femmes"

INTERVIEW - Ancienne ministre et ex-candidate à la mairie de Paris, la députée UMP Nathalie Kosciusko-Morizet participe vendredi au colloque "Femmes et pouvoir". Elle explique au JDD.fr le chemin à parcourir en terme de parité au sein des partis politiques.

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Nathalie Kosciusko-Morizet participe à un colloque sur les femmes et le pouvoir.
Nathalie Kosciusko-Morizet participe à un colloque sur les femmes et le pouvoir. © Sipa press

Vous êtes invitée vendredi du colloque "Femmes et pouvoir" . Le pouvoir peut-il être sexué?
Je ne souscris pas du tout à un discours différentialiste impliquant le fait qu'il y a un pouvoir masculin ou féminin. C'est souvent un piège. Je suis plus proche d'un féminisme à la Simone de Beauvoir, universel. Hommes et femmes ont l'essentiel en commun. Faire, à l'inverse, la liste des différences entre les sexes, en général ça commence bien pour les femmes -"elles sont plus ceci ou cela"-, et ça finit très mal pour elles -"puisque vous êtes plus altruistes, c'est normal que vous soyez moins bien payées"- . Je me bats contre ce discours, même si c'est une réalité que le regard de la société sur vous est différent selon que vous soyez une femme ou un homme. 

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Etre une femme a-t-il été un avantage ou un inconvénient dans votre parcours politique?
L'électorat, qui est le reflet de la société, est beaucoup plus avancé sur cette question que leurs cadres, et notamment ceux des partis. C'est pour les électeurs une évidence qu'une femme puisse accéder aux responsabilités. Dans les formations politiques en revanche, il y a des crispations à tous les étages - comme dans tous les milieux à responsabilité. Les hommes s'y font concurrence entre eux et ne veulent pas ajouter, en plus, la concurrence des femmes.

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L'écologiste Dominique Voynet , quand elle était ministre sous Jospin, expliquait qu'une femme de pouvoir devait travailler deux fois plus qu'un homme pour forcer le respect. Est-ce une réalité?
Oui, absolument. La société et ses dirigeants émettent plus de doute sur la capacité des femmes. Mais les femmes ne doivent pas l'anticiper et se mettre elles-mêmes à douter, au risque de s'autocensurer. Nous devons nous battre contre ces réactions. 

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Y compris contre les remarques sur le physique et sur l'apparence?
Il faut se doter d'une certaine distance vis-à-vis de cela. Et apprendre à ne pas être prisonnier du regard des autres. Si vous commencez à penser à la manière dont ils vont vous discriminer et vous juger, vous devenez victime avant même que ce se soit passé. 

A l'inverse du RPR puis de l'UMP, la gauche a nommé Edith Cresson à Matignon et a porté Ségolène Royal dans une campagne présidentielle, tandis que le FN a pour présidente et candidate Marine Le Pen
D'abord, c'est François Mitterrand qui a nommé Edith Cresson à Matignon et il faut voir ce que la gauche, le Parti socialiste en particulier, lui a fait subir. Quant à Ségolène Royal, ce sont les adhérents socialistes qui l'ont désignée candidate et les barons du PS se sont bien vengés, pendant la campagne de 2007. La classe politique est universellement dure pour les femmes. 

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Concernant Marine Le Pen, elle n'est toutefois pas contestée au FN…
Sauf que c'est un héritage. Jean-Marie Le Pen avait trois filles. S'il avait eu un garçon, n'aurait-ce pas été différent? 

La situation a-t-elle toutefois évolué à l'UMP?
Sous la précédente mandature (quand Nicolas Sarkozy était chef de l'Etat, Ndlr), cela a progressé. En politique, l'approche de la parité est souvent quantitative. Il est devenu normal que la moitié du gouvernement soit composé de femmes. Mais il faut aussi qu'elle soit qualitative et que les femmes soient à des postes d'influence. Avec Nicolas Sarkozy, Rachida Dati était garde des Sceaux, Christine Lagarde au ministère de l'Economie, moi-même n°3 du gouvernement (de 2010 à 2012, quand Nathalie Kosciusko-Morizet était ministre de l'Ecologie, Ndlr), etc. 

Une femme à la tête de la France, qu'en pensez-vous?
Je ne vais pas me contredire. Pour moi, la question n'est pas de savoir s'il faut ou s'il ne faut pas d'une femme à l'Elysée ou à Matignon. Je suis toujours heureuse quand la place de la femme progresse dans la société, mais je défends avant tout la reconnaissance pleine et entière des capacités de chacun, homme ou femme.

Les partis peinent toutefois à trouver des candidates aux élections locales…
(Elle coupe) Non, ce n'est pas vrai. C'est l'argument de tous les cadres du parti qui affirment : "On aurait bien voulu investir une femme pour cette élection, mais on n'en a pas trouvée". Sans rire? Nous sommes dans un système qui n'est pas conçu pour laisser facilement la place aux femmes. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de femmes intéressées et compétentes. 

Sera-t-il difficile de trouver les 4.000 candidates UMP nécessaires - afin de respecter les règles de la parité - en vue des élections départementales de mars prochain ?
C'est difficile, mais pour de mauvaises raisons. Beaucoup de femmes ont envie d'être candidates. Mais le système ne les valorise pas, ne les prépare pas. 

L'UMP est le parti qui paie le plus de pénalités sur la parité (six millions d'euros). Y aura-t-il une réflexion engagée sur le sujet dans le cadre de la future UMP?
Il faudrait avoir plus de parité dans les instances des partis politiques. Ce sont elles qui décident des investitures aux élections locales ou nationales. Lors des investitures à l'UMP pour les sénatoriales de septembre dernier, nous avons été plusieurs femmes à protester, au bureau politique, contre la portion congrue laissée aux femmes. Ce n'était pas normal. Il faut inscrire un travail dans la durée. Il faut mettre en place des pépinières afin de faire émerger des femmes - et des hommes - au sein du système. La bonne nouvelle, c'est que ces pépinières se forment souvent au niveau des mairies et l'UMP en a gagné de nombreuses en mars dernier.

Lire aussi : Femmes ministres, les pionnières

Source: leJDD.fr

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