
MUNICIPALES 2014 - Il n'y aura pas d'alliance nationale entre l'UMP et le Front national aux prochaines élections municipales. Voilà au moins un point sur lequel Jean-François Copé et Marine Le Pen assument leur convergence. Pour autant, au niveau local, la tentation d'un rapprochement entre la droite et l'extrême droite est bien réelle.
Marion Maréchal-Le Pen, la jeune députée mariniste du Vaucluse, ne s'en cache pas. "Je n'exclus pas éventuellement de discuter" avec "des maires sortants", expliquait-elle il y a une semaine devant la presse. Son argumentaire est tout trouvé: "écoutez, vous êtes un bon maire, vous avez un bon bilan à votre actif, nous n'irons pas faire de liste contre vous et par là risquer de vous faire perdre, mais à condition que vous preniez 4, 5, 6 personnes du Front national sur votre liste, sans forcément d'ailleurs qu'elles soient affichées" Front national.
48% des Français sont contre, 50% des électeurs UMP sont pour
Un scénario exclu par Jean-François Copé, qui a rappelé à plusieurs reprises que tout candidat UMP s'alliant avec l'extrême droite serait immédiatement exclu. L'UMP a récemment fait un exemple dans la Somme où un jeune candidat a été exclu pour avoir fait liste commune avec l'extrême droite.
Mais qu'en pensent les électeurs? Selon une étude YouGov réalisée en exclusivité pour Le HuffPost et Itélé, un sympathisant UMP sur deux (50%) est favorable à la proposition de Marion Maréchal-Le Pen. Du côté de l'extrême droite, 60% des électeurs de Marine Le Pen approuveraient de tels accords.
De quoi donner du grain à moudre à Marion Maréchal-Le Pen, pour qui les municipales de 2014 verront "apparaître les premières brèches" dans la digue qui sépare aujourd'hui l'UMP et le FN. "Beaucoup d'élus locaux ne prendront pas le risque de perdre leur ville parce que M. Copé les menace d'exclusion systématique", pense la députée du Vaucluse.
Le phénomène n'est pas nouveau. Pendant l'élection présidentielle, 64% des électeurs de Nicolas Sarkozy étaient prêt à un accord UMP-FN aux législatives si cela permettait au président sortant de l'emporter.
Un bénéfice électoral incertain
Pour les municipales de 2014, ce scénario reste néanmoins majoritairement rejeté si l'on recense les avis des électeurs centristes et de gauche. 49% des Français interrogés y sont hostiles, contre 27% pour. La même proportion d'électeurs juge que l'UMP devrait refuser ce type d'accord, 46% des Français estimant qu'une telle alliance avantagerait d'abord le Front national.
Reste à déterminer quel bénéfice électoral l'UMP pourrait espérer retirer d'un éventuel rapprochement avec le FN. 53% des personnes interrogées estiment qu'une alliance UMP-FN au niveau local ne changerait rien à leur vote.
Mais 34% des sympathisants UMP et 45% des électeurs de Marine Le Pen jugent au contraire qu'un tel accord les inciterait à voter pour le candidat de droite. A l'inverse, seuls 16% des électeurs de droite jugent "moins probable" de voter UMP si un accord de cette nature devait être scellé.
C'est du côté du report des voix centristes que l'UMP aurait le plus à perdre. 38% des sympathisants du Modem et de l'UDI jugent que la constitution d'une liste UMP-FN les inciterait à ne pas voter à droite.