Franz-Olivier Giesbert : Le Maire, la droite propre

Il a été la révélation des derniers mois. On savait déjà qu'il était l'une des personnalités qui, comme François Baroin ou Valérie Pécresse, surplombent la nouvelle génération. Un homme de culture aussi, dans la tradition gaullienne ou mitterrandienne, avec un style bien à lui et une classe certaine. Avec ça, un écrivain, un vrai, sans nègre après avoir été lui-même le nègre d'un faux écrivain qui, après la politique, s'est reconverti dans le quatarisme.

Tout au long de la campagne avant les élections internes de l'UMP, Bruno Le Maire a montré qu'il était de surcroît pourvu de deux qualités essentielles en politique : le courage et le caractère. Il fallait les avoir pour oser affronter, seul, la machine sarkozyste pour la présidence de son parti. Le duel entre Le Maire et Sarkozy, c'était David contre Goliath et David a marqué pas mal de points pendant cette bataille. Il faudra désormais compter avec lui.

Vers une "balkanysation" de l'UMP ?

À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Même s'il n'est pas encore tout à fait présidentiable, il a gravi plusieurs marches cruciales, notamment quand il a expliqué, avec les mots adéquats, qu'il fallait réinventer la droite et lui donner une ambition collective. Dans les temps qui viennent, Bruno Le Maire sera, avec Alain Juppé et François Fillon, le nécessaire antidote de ce qu'on pourrait appeler la "balkanysation" de l'UMP, du nom des meilleurs amis de Nicolas Sarkozy, Isabelle et Patrick Balkany, en délicatesse avec la justice.

En décidant de prendre le contrôle du parti pour pouvoir mieux se défendre dans le dossier Bygmalion et le dépassement des comptes de campagne, l'ancien président a, d'une certaine façon, décidé de prendre sa formation en otage. Quitte à la jeter, malgré elle, dans le tourbillon des affaires. C'est pourquoi elle aura besoin, à côté du courant de la droite forte, d'une puissante droite propre.