Andreï Issaïev s’est de lui-même annoncé. « Samedi et dimanche, je participerai au 15e congrès du Front national », a écrit sur son compte Twitter vendredi 28 novembre le député russe, vice-président de la Douma, la chambre basse du Parlement. Il ne sera pas seul. Andreï Klimov, chef adjoint de la commission des affaires internationales du Conseil de la fédération russe, la chambre haute du Parlement, sera lui aussi du voyage.
Les deux hommes, membres du parti progouvernemental Russie unie, assisteront d’un bout à l’autre au rassemblement du parti frontiste organisé à Lyon et prévu pour s’achever avec la réélection de sa présidente, seule candidate à sa succession. Leur présence, que l’entourage de Marine Le Pen a confirmée au Monde, constitue un indice supplémentaire des liens étroits qui relient désormais le parti d’extrême droite français au pouvoir russe. Le FN a ainsi reconnu le 23 novembre avoir bénéficié d’un prêt de 9 millions d’euros alloués par une banque russe, la First Czech-Russian Bank (FCRB), dont personne n’imagine, à Moscou, qu’il ait pu avoir eu lieu sans l’assentiment du Kremlin – même si, ironie de l’histoire, au même moment, Vladimir Poutine promulguait une loi interdisant aux partis politiques russes de recevoir des financements depuis l’étranger…
Les bonnes relations ne cessent de croître
Si elles ne datent pas d’hier, les bonnes relations entretenues de part et d’autre ne cessent de croître depuis l’annexion de la Crimée par la Russie et le conflit dans l’Est ukrainien. Le Kremlin trouve une oreille complaisante dans sa politique de soutien aux prorusses du Donbass auprès des émissaires du FN dont les déplacements, à Moscou, se multiplient. Aymeric Chauprade, conseiller aux affaires internationales de Marine Le Pen, se trouvait ainsi de nouveau dans la capitale russe, mardi 25 novembre, invité d’une table ronde organisée par le président du Parlement Sergueï Narychkine, sur le thème « Comment surmonter la crise de confiance avec l’Europe ». Selon un témoin, son point de vue ne dépareillait pas ceux des députés présents. En retour, deux élus russes ont donc été dépêchés à Lyon.
Elu depuis 1999, Andreï Issaïev est un protégé du pouvoir. Accusé, en 2013, d’être monté dans un avion ivre, un scandale qui aurait valu à tout autre responsable d’être immédiatement sanctionné, ses vives dénégations ont été jugées suffisamment convaincantes. Son assistant, semble-t-il également pris de boisson, n’a pas bénéficié de cette mansuétude. Agé de 50 ans, Andreï Issaïev représentante la ligne dure de Russie unie. Il a notamment soutenu le projet de loi interdisant l’adoption de petits orphelins russes par des Américains. De dix ans son aîné, Andreï Klimov est, pour sa part, un habitué des relations avec les partis d’extrême droite européens. En octobre, il s’affichait en marge d’une réunion en Italie avec Andreas F. Karlsboeck, un responsable du FPÖ, le parti nationaliste autrichien… allié du FN au Parlement européen.
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