Louis Gallois est venu de la SNCF pour rejoindre PSA Peugeot Citroën. Frédéric Saint-Geours fait le chemin inverse. Dimanche 30 novembre, cet ancien directeur général des marques Peugeot et Citroën a été nommé par arrêté au Journal officiel président du conseil de surveillance par intérim de la SNCF, le holding de tête du groupe public ferroviaire réunifié par la loi ferroviaire du 4 août.
M. Saint-Geours, 64 ans, travaillera avec Guillaume Pepy, le président de SNCF Mobilités et Jacques Rapoport, le président de SNCF Réseau, dont les mandats ont également été confirmés par l’arrêté. Il deviendra en quelque sorte l’arbitre entre deux forts caractères. Très flegmatique, M. Saint-Geours devrait trouver facilement sa place. « Un arbitre pas trop gênant, convient un observateur du système ferroviaire. Non seulement il est discret, mais il ne devrait pas franchement marcher sur les plates-bandes de MM. Pepy et Rapoport »
Les pouvoirs publics ont fini par choisir un profil industriel pour présider ce nouvel établissement public holding. Longtemps, la rumeur voulait qu’un grand élu, spécialiste des affaires ferroviaires, pourrait obtenir ce poste. Finalement, le gouvernement a retenu un profil plus industriel, signe que l’objectif de la réforme ferroviaire doit avant tout permettre au système de sortir de son marasme économique actuel.
« Frédéric Saint-Geours est à la fois un industriel, avec des relais politiques importants, un familier du fonctionnement des conseils de surveillance, puisque PSA fonctionne de la sorte, et un acteur au fait des enjeux sociaux et économiques du fait de ses fonctions au sein du Medef et de l’UIMM », décrypte un connaisseur du système ferroviaire français.
En choisissant cet énarque de gauche, qui a commencé en 1981 sa carrière au sein du cabinet de Louis Mermaz, ministre du transport, le gouvernement a choisi un industriel bien né qui a rejoint PSA en 1986. Proche de la famille Peugeot, et notamment de Thierry Peugeot, l’ancien président du conseil de surveillance du groupe, il a cru obtenir le poste de président du directoire du constructeur en 2007. Finalement, Christian Streiff décrochera le poste.
Frédéric saint-geours sera alors exilé de PSA auprès de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, où il est élu président en 2007 après la mise à l’écart de Denis Gautier Sauvagnac. Celui-ci est plombé par la révélation de l’existence d’une caisse de secours mutuelle au sein du syndicat patronal pour « fluidifier les relations sociales ».
Son objectif est de remettre de l’ordre dans l’organisation patronale. Et d’apaiser les tensions. Ce qu’il fait magistralement. En 2009, Philippe Varin, tout juste nommé président du directoire de PSA, le rappelle pour reprendre la direction financière du groupe automobile. Ce retour en grâce durera quelques années seulement, puisque en 2013 il cesse les responsabilités opérationnelles. Cette année-là, il guignera également sans succès la présidence du Medef.
Désormais, en devenant le premier président du conseil de surveillance, il retrouve un poste de premier plan. Avec de nombreux défis. C’est que le système ferroviaire en cours de réunification va mal. Traumatisé par l’accident de Brétigny, en juillet 2013, le système est en plein doute tant sur les aspects de maintenance du réseau que sur l’exploitation de l’ensemble du système.
Pis, le TGV, la vache a lait du groupe SNCF, est en difficulté concurrencé par des modes de transports alternatifs bien plus abordables comme le covoiturage, et bientôt les autobus longue distance. Enfin, alors qu’une nouvelle grève s’annonce du 3 au 6 décembre chez les contrôleurs, M. Saint-Geours sera attentif à la négociation d’une nouvelle convention collective pour les cheminots, comme le prévoit la loi.
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