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Les Croates se prononcent contre le mariage homosexuel

Bureau de vote à Zagreb. Les Croates ont approuvé à une large majorité dimanche par référendum l'inscription dans la Constitution de la définition du mariage comme "l'union d'un homme et d'une femme", interdisant de fait le mariage entre deux personnes du même sexe. /Photo prise le 1er décembre 2013/REUTERS/Antonio Bronic

par Zoran Radosavljevic ZAGREB (Reuters) - Les Croates ont approuvé à une large majorité dimanche par référendum l'inscription dans la Constitution de la définition du mariage comme "l'union d'un homme et d'une femme", interdisant de fait le mariage entre deux personnes du même sexe. La proposition, lancée à l'initiative d'une organisation catholique hostile à toute évolution vers un mariage homosexuel, a recueilli près de 66% de "oui", selon des résultats encore provisoires. La participation a été de 37%. Le collectif Au Nom de la famille avait réuni plus de 740.000 signatures, conduisant le Parlement à organiser ce référendum. Son résultat est contraignant et s'impose au gouvernement. Les partisans du mariage gay ont manifesté leur déception. La chaîne de télévision Private Nova TV a souligné que l'issue du scrutin plaçait la Croatie dans la même catégorie que la Biélorussie, la Pologne, la Moldavie, le Monténégro et la Serbie, qui ont eux aussi inscrit ce principe dans leur constitution. "C'est de la discrimination, c'est une attaque contre les droits de l'homme et les libertés. C'est une tache que nous devrons porter", a déclaré Duje Prkut, l'un des chefs de file du "non". "Je suis heureux parce qu'à partir de maintenant, aucun gouvernement ne pourra à l'avenir légaliser le mariage gay", a dit de son côté à Reuters la dirigeante du collectif Au Nom de la famille, Zeljka Markic. La mobilisation des cercles catholiques s'est faite en réaction à la politique du gouvernement social-démocrate qui, après avoir légiféré l'an dernier en faveur de l'introduction de cours d'éducation sexuelle à l'école, s'apprête à proposer la création d'un contrat d'union civile qui accorderait aux couples homosexuels des droits jusque-là réservés aux unions hétérosexuelles en matière d'état civil ou de succession notamment. "TRISTE ET INUTILE" Même s'il n'est pas question de mariage pour tous, cette évolution se heurte à une forte opposition dans un pays où 90% des 4,4 millions d'habitants affichent leur appartenance à l'Eglise catholique. Le clergé s'est du reste largement mobilisé en faveur de cette consultation. Lors de la messe dominicale, les prêtres croates ont enjoint aux fidèles d'aller voter "oui" et de défendre ainsi les "valeurs traditionnelles" du petit pays issu de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie et devenu en juillet dernier le 28e Etat membre de l'Union européenne. Le Premier ministre, Zoran Milanovic, et plusieurs de ses ministres ont déploré la tenue de ce référendum, que le chef du gouvernement a qualifié d'initiative "triste et inutile" après avoir voté dimanche matin. "Nous ne devrions pas nous mêler de l'espace intime d'une famille", a-t-il dit à la presse, ajoutant que le projet de loi sur les unions civiles serait présenté dans les prochains jours. Le collectif Au Nom de la famille estime de son côté qu'en gravant dans le marbre de la Constitution la définition du mariage comme l'union d'un homme et d'une femme, la Croatie obtient la garantie qu'on ne puisse la modifier par une simple loi votée à la majorité simple. Avec la victoire du "oui", il faudra en effet une majorité qualifiée des deux tiers pour revenir sur ce résultat. "Nous voulons être sûrs que des choses aussi fondamentales que le mariage et la famille, et tous les droits qui en résultent, ne pourront pas être modifiés si la loi sur la famille évolue", a déclaré Zeljka Markic. Henri-Pierre André et Pascal Liétout pour le service français