La vidéo en direct d'un incroyable naufrage !
L’image est forte. La vidéo est incroyable. Elles montrent l’un des concurrents de la Volvo Ocean Race échoué sur un récif de l’île Maurice. Et surtout, elles posent question.
L'image, forte, a déjà fait le tour du monde. Elle montre Team Vestas, l'un des sept concurrents de la Volvo Ocean Race (Course autour du monde en équipage avec escale), échoué sur le récif de Saint-Brandon, à 400 kilomètres de l'île Maurice, au cœur de l'océan Indien. Au-delà de son côté spectaculaire, cette photo pose question.
La vidéo - prise en direct à bord !- est encore plus incroyable.
Dormir quelques minutes de trop
Ce genre d'échouement (action involontaire, au contraire de l'échouage) semblait jusqu'ici réservé aux navigateurs solitaires, soumis à la fatigue ou à la défaillance de leur matériel – Jean-Luc Van den Heede en Australie, lors de son tour du monde en solitaire, ou plus récemment Yvan Bourgnon au Sri Lanka, qui tentait de boucler une cricumnavigation en cata de sport, ont ainsi explosé leur bateau sur la côte pour avoir dormi quelques minutes de trop.
Pas un « bleu »
Rien de tel, ici. A bord des voiliers de la Volvo, long de 65 pieds (environ 20 mètres), neuf marins professionnels. Eux se relaient sans cesse à la barre et à la manœuvre, veillent en permanence. Le skipper du bateau danois Team Vestas, Chris Nicholson, en est à sa cinquième course autour du monde. Pas vraiment un « bleu », donc.
Par ailleurs, ces voiliers de carbone sont bardés d'électronique dernier-cri, de cartographies numériques, d'instruments de positionnement ultra-précis - et l'un des équipiers est dédié à la navigation.
Les cinq raisons possibles
Alors ? Quelles peuvent être les causes d'un échouement aussi spectaculaire, aussi incroyable ?
- Une erreur du navigateur : les instruments, aussi sophistiqués soient-ils, sont entre les mains d'êtres humains. Et le rôle du navigateur, dans une course où les concurrents se tiennent en quelques milles, est soumis à forte pression psychologique, donc à la fatigue physique et à la faute. C'est d'ailleurs ce qu'a reconnu Wouter Verbraak, le navigateur du voilier danois, parlant très honnêtement de « fatigue », avec beaucoup de pression due à la compétition et à la correcte négociation d'un tempête tropicale sur zone.
- Une erreur du chef de quart : outre le skipper, qui est le patron du bateau, l'équipage comprend des chefs de quart, qui se relaient à la tête du bateau. Là encore, une erreur humaine est possible.
- Une erreur du barreur : certains équipiers spécialisés se relaient aussi à la conduite du bateau. L'exercice est rude, exigeant, physique, violent, sur un pont balayé d'embruns, de jour comme de nuit, à bord d'un voilier lancé à plus de 25 nœuds (près de 50 km/h)t. Impossible de tenir plusieurs heures d'affilée. Les trajectoires du bateau étant calculées au plus juste par le navigateur et le skipper, un écart faible, à l'approche des côtes, peut avoir de lourdes conséquences.
- Des parages plus ou moins bien cartographiés : c'est ainsi, certaines régions du globe restent encore aujourd'hui, sinon méconnues, du moins pas toujours précisément répertoriées. C'est notamment vrai, par exemple, des récifs coralliens de l'Indien ou de la mer de Chine. En fait, avec des cartes électroniques vectorisées, certains zooms peuvent malheureusement occulter des détails ou des informations.
- Un problème d'électronique : les marins le savent, il ne faut jamais se fier aveuglément à l'électronique. Tout appareil peut tomber en panne, connaître des dysfonctionnements – voire être alimenté en données plus ou moins fiables. Il est vrai qu'aujourd'hui, le GPS et la carte électronique montrent si souvent des gages de fiabilité et de qualité qu'il est tentant de ne pas remettre en question les infos qu'ils donnent si facilement. Reste que le GPS, dans certaines zones du globe, voit sa précision altérée, passant d'une dizaine de mètres à plusieurs centaines.
On peut ajouter que ce genre d'accident n'est pas réservé aux voiliers en course ou en croisière. En janvier 2013, le très prestigieux et très officiel bâtiment de la Marine américaine, l'USS Guardian, long de 66 mètres, bardé d'électronique, s'était lui aussi échoué sur un récif au large des Philippines. Et avait dû être entièrement et proprement découpé sur place (ci-dessus). Comme quoi il faut toujours se méfier des cartes à puces.
DANS LA ROUTE DU RHUM AUSSI...
Route du Rhum. Défi Cat (Eric Jail) s'échoue aux Saintes.
Ce mardi 2 décembre à 08h30 heure de Paris (03h30 heure Guadeloupe), le bateau Défi Cat skippé par Eric Jail, en approche de Pointe à Pitre, alors qu'il tirait des bords dans le Canal des Saintes après avoir viré la bouée de Basse Terre, s'est échoué sur la côte Nord de Terre de Bas (Archipel des Saintes).Le skipper a aussitôt alerté le CROSS ANTILLES GUYANE par VHF qui met en place avec la SNSM des Saintes le remorquage pour déséchouer le bateau dans les meilleurs délais.