La Centrafrique un an après Sangaris

Publicité

Il y a un an l’opération Sangaris - et ses 2000 hommes - se déployait en Centrafrique. Le pays venait alors de plonger dans l’horreur. Un déferlement de violences qu’on a souvent résumé à un affrontement entre milices chrétiennes et musulmanes. La réalité est plus complexe. Dans le centre du pays, comme à Bangui, là où les soldats de Sengaris sont intervenus, la situation semble s’améliorer tout en restant assez tendue.

► ► ► CONSULTER | Le diaporama sur tablette et smartphone

Publicité

Les Séleka s’en sont pris à la paroisse et on fait huit morts et une dizaine de blessés, que des civils - il y a encore des impacts de balles sur la façade de l’église -.

Une journée terrifiante, racontée par celui qui l’a vécue en première ligne, le père Brésilien de la paroisse, Everaldo de Suza. Il a tenté de sauver un maximum de personnes, en les cachant dans sa mission catholique, et lui-même a été blessé par un éclat de grenade.

Everaldo de Suza

Ils ont entouré la mission et ont tiré en direction des pièces où j'avais fait entrer les gens pour les protéger

Zoom BOB N°1

23 sec

Pendant quelques temps les militaires français sont restés aux abords de l’église de Dekoa, désormais ils patrouillent régulièrement en proximité mais n’y sont plus en permanence depuis qu’ils ont cantonné les miliciens Séleka dans leur caserne, en fait une bâtisse en mauvais état qui se trouve très près du centre-ville et de l’église qu’ils ont attaqué .

Il reste 22 combattants Séléka, ils sont dirigés par le général Comix

le général Comix

8 sec

Le général Comix rit et ce rire fait comprendre beaucoup de choses. Lui il ne parle pas de conflit religieux, mais une guerre pour le pouvoir, seulement le pouvoir, dit ce combattant.

"Si les Séléka n'agissent pas, les anti Balaka n'ont pas de risons d'agir"

Pour les soldats de l’opération Sangaris, l’un des objectifs, c’est de faire respecter des consignes très précises pour contrôler ses rebelles, ce qu’on appelle les "mesures de confiance". Le capitaine Christophe commande les 150 soldats français à Dekoa. Il parle des Séleka comme des "rebelles en sommeil".

Capitaine Christophe

Tous les samedi matin on compte leur effectif et leur armement

Zoom BOB N°3

22 sec

Les choses s’améliorent lentement. Dans le quartier musulman de Dekoa, 70 des 1059 personnes sont revenues. L’adjoint au maire, lui-même musulman, assiste à la messe tous les dimanches, pour montrer que les deux communautés ont toujours vécu côte à côte…

__

A Sibut, à 70 km et deux heures de piste

Ici on est surpris de l’apparente normalité dans la ville. L’église est pleine, le marché animé, c’est une ville stratégique, un carrefour commerçant. Mais ce sentiment de normalité est très vite dissipé quand on rencontre Nelson, il est pharmacien.

Nelson

Les Musulmans sont des mauvais gens. On les a dégagés. Ils sont partis chez eux et on pille leurs mosquées

Zoom BOB N°4

18 sec

De leur côté, les hommes de Sangaris ne peuvent que constater l’exode des musulmans de Sibut, comme le confie ce soldat qui a préféré ne pas donner son identité

Ils se sont fait tellement de mal entre eux qu'ils estiment que si tout le monde est séparé c'est mieux comme ça

Zoom BOB N°5

14 sec

Ces deux situations, très différentes et à si peu de distance, montrent bien la complexité de ce conflit plus ethnique que religieux, en réalité. Conflit qui continue d’exploser sporadiquement dans des zones de plus en plus localisées.

La Centrafrique n’est plus en guerre, mais elle est très très loin d'être en paix.

L'équipe

pixel