INTERNATIONAL - Un moyen d'accentuer la pression. Vendredi 5 décembre, Jean-Yves Le Drian a déclaré sur BFMTV que la France pourrait "ne jamais livrer" les Mistral, ces deux navires de guerre dont la livraison à la Russie est suspendue "jusqu'à nouvel ordre" en raison de la crise ukrainienne.
"Vue la situation en Ukraine, le protocole de Minsk qui n'est pas respecté, le cessez-le feu qui n'est pas respecté, il n'est pas opportun de livrer du matériel militaire", a affirmé le ministre de la Défense, selon lequel "il faudrait que les Russes se rendent compte de cette situation". "On ne peut envisager une livraison dans les conditions de tension dans lesquelles nous sommes", a-t-il insisté (voir la vidéo en haut de cet article).
Des propos qui n'ont visiblement pas plu à Segueï Lavrov. Dans la foulée, le ministre des Affaires étrangères russe a déclaré que Paris devait "remplir toutes ses obligations". "J'en ai marre de cette question. C'est un problème de réputation pour la France. Ils doivent remplir toutes leurs obligations selon le contrat", a-t-il dit.
(Suite de l'article sous l'infographie)
La Russie espère une livraison début 2015
Dans le même temps, l'ambassadeur de Russie à Paris, Alexandre Orlov, s'est pourtant montré plutôt confiant sur Europe 1. "Je ne vais pas révéler tous les secrets, mais le délai prévu par le contrat n'est pas encore expiré. On a encore quelques temps", selon le diplomate, qui a parlé d'une question de "semaines" plutôt que de mois et évoqué le début de l'année 2015.
Avant que François Hollande ne réaffirme la suspension de la livraison des navires Mistral, la Russie avait lancé un ultimatum à la France, lui demandant de livrer un premier navire avant fin novembre si elle ne voulait pas s'exposer à de "sérieuses" demandes d'indemnisations, des poursuites financières qui pourraient coûter cher.
De son côté, le président François Hollande a appelé depuis le Kazakhstan, où il est en visite ce vendredi, à une "désescalade" dans le conflit ukrainien, au lendemain d'un discours du président russe Vladimir Poutine qui a pointé la responsabilité des Occidentaux dans ce conflit.
"Positions fermes" pour être "écouté, sans faiblesse"
"La tension, la pression ne sont jamais des solutions", a souligné le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaïev, plaidant pour une "désescalade" d'abord "verbale" puis "dans les mouvements" militaires en Ukraine.
Evoquant à demi-mot sa décision de reporter la livraison de deux navires de guerre à la Russie jusqu'au règlement politique de la crise ukrainienne, François Hollande a parlé de "décisions qui permettent d'être écouté, sans faiblesse" et de "positions fermes".
"Nous allons travailler ensemble pour chercher tous les points qui permettront de clarifier et d'engager une désescalade" dont "nous avons besoin, car il y a des risques, toujours, d'une escalade supplémentaire et des menaces sérieuses sur l'économie de l'ensemble de la région", a-t-il encore insisté.