En 2013, les salaires ont augmenté de 6% en Asie et de 5,8% en Europe orientale et en Asie centrale.

En 2013, les salaires ont augmenté de 6% en Asie et de 5,8% en Europe orientale et en Asie centrale.

afp.com/Goh Chai Hin

L'Organisation internationale du travail (OIT) serait-elle marxiste? Dans son rapport sur les salaires, publié tous les deux ans, l'organisation onusienne fait le point sur les niveaux de rémunération dans le monde. Au passage, l'OIT pointe l'influence négative de la stagnation des salaires sur l'économie mondiale, et recommande que les travailleurs soient davantage rémunérés que le capital. Révolutionnaire.

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Ce qu'il faut retenir de ce rapport en quatre points:

  • Les salaires stagnent partout dans le monde, où presque

Les salaires dans les économies développées ont connu une nouvelle stagnation en 2013, voire une baisse. Avec une croissance de 0,2% l'an dernier, contre 0,1% en 2012, les salaires moyens réels - tenant compte de l'inflation - des économies développées ne rattrapent pas leur niveau d'avant crise.

Pire: en Espagne, en Grèce, en Irlande, en Italie,au Japon et au Royaume-Uni, les salaires moyens sont inférieurs à ceux de 2007. "Tout cela a pesé sur les performances économiques globales, conduisant à une reprise économique molle dans la plupart de ces économies et à un risque accru de déflation dans la zone euro", explique Sandra Polaski, directrice générale adjointe de l'OIT.

  • Si les salaires moyens ne chutent pas, c'est grâce aux pays émergents

Au niveau mondial, la croissance des salaires a décéléré par rapport à 2012, atteignant 2%, contre près de 3% six ans auparavant. Ce chiffre est porté principalement par les économies émergentes et en développement, avec toutefois de fortes disparités entre ces pays.

Les salaires ont augmenté en 2013 de 6% en Asie et de 5,8% en Europe orientale et en Asie centrale, cette hausse se limite à 0,8% en Amérique latine et dans les Caraïbes. Au Moyen-Orient, les salaires ont progressé de 3,9%, mais seulement de 0,9% en Afrique.

A noter: les salaires des économies développées restent trois fois plus élevés que ceux des économies émergentes et en développement.

  • La productivité est en hausse, mais ne profite pas aux travailleurs

L'organisation onusienne s'inquiète de l'écart grandissant entre la productivité du travail, toujours en hausse, et sa redistribution salariale. "L'écart grandissant entre salaires et productivité s'est traduit par une baisse de la part de la rémunération du travail dans le produit intérieur brut, tandis qu'une part grandissante va au capital, notamment dans les économies développées", souligne le rapport.

Dit autrement, les travailleurs et leurs familles ne bénéficient plus que d'une petite part de la croissance économique tandis que les propriétaires de capitaux en bénéficient davantage.

  • Les salaires minimum ne tuent pas l'emploi

Pour corriger les inégalités de revenus entre salariés, l'OIT prône la mise en place d'un impôt progressif, de transferts vers les ménages les plus défavorisés, de négociations collectives, et d'un salaire minimum là où ils n'existent pas encore. "Il n'y a pas de corrélation négative entre les hausses des salaires minima et les niveaux d'emploi", ajoute le rapport.

L'OIT rappelle enfin que les inégalités salariales, notamment entre les hommes et les femmes, persistent et que la lutte "contre les pratiques discriminatoires et les préjugés fondés sur le sexe" à travers des "politiques efficaces relatives à la maternité, à la paternité et au congé parental, et des actions de sensibilisation en faveur d'un meilleur partage des responsabilités familiales" doit constituer une priorité pour les gouvernements.

Un point pour l'OIT - zéro pour les capitalistes. Balle au centre.