Musique

Ciné: Nos 25 bandes originales cultes

Il n’est pas rare que le personnage principal d’un film soit sa musique. Résultat, comme un acteur emblématique, on la réutilise (pub, générique télé, etc.), on la repasse, on se l’approprie. Et on finit logiquement par lui rendre hommage.
Nos 25 bandes originales cultes

Le Parrain (Francis Ford Coppola, 1972) : Nino Rota - Thème du film

À la saga mortuaire de Coppola, il fallait un écrin glacé et mélancolique. Nino Rota, le compositeur attitré de Fellini, a composé une valse lente. Avec de la mandoline, de l'accordéon et des trompettes déchirantes. Hélas, sa musique ne pourra postuler aux Oscars 1972 car il avait réutilisé un thème d'Eduardo De Filippo. Ce qui ne l'empêchera pas de triompher avec la bande originale de la suite du Parrain en 1974.

Pulp Fiction (Quentin Tarantino, 1994) : Dusty Springfield - Son of a Preacher Man

La France branchée du début des années 90 écoutait du rock et un peu d'acid jazz. Et puis Pulp Fiction est sorti, avec sa BO gorgée de soul, de funk et de tubes fifties. En quelques mois, le grunge s'effaça et on ne pouvait plus regarder la télé sans entendre un extrait de la "soundtrack". Un putsch musical par film interposé.

Le grand blond avec une chaussure noire (Francis Veber, 1972) : Vladimir Cosma - Thème du film

La musique du Grand blond, c'est l'indicatif de la vie française des années 70. Un mélange de légèreté lunaire et d'esprit baltringue. Avec sa surenchère d'arrangements, Cosma le Roumain (et son compatriote flûtiste Gheorghe Zamfir) définit les canons de la bande-son "qualité française" populaire, qui fera florès.

Vertigo (Alfred Hitchcock, 1958) : Bernard Herrmann - The Nightmare

La plus belle BO du plus beau film d'Hitchcock. Voilà, c'est dit. Jamais on a vu une bande-son épouser aussi harmonieusement et efficacement les états d'âme d'un héros (James Stewart) dans sa quête de LA femme, une fuyante et venimeuse beauté (Kim Novak) qui toujours se dérobe... Des motifs toujours suspendus, jamais résolus.

Superfly (Gordon Parks Jr, 1972) : Curtis Mayfield - Pusherman

Pour résumer la déferlante Blaxploitation, il nous a fallu mettre au rencard Isaac Hayes pour lui préférer la douceur vénéneuse de Curtis Mayfield, et sa façon de susurrer des chansons contre la dope dans ce film dont le héros est un dealer. Les tubes ? "Pusherman", funk lascif, le slow "Give Me Your Love", ou le testament de "Freddie's Dead".

Virgin Suicides (Sofia Coppola, 1999) : Air - Playground Love

En guise de deuxième album après leur Moon Safari, les deux Versaillais de Air pondent la BO de Virgin Suicides, le premier film éthéré de la fille Coppola. Chef-d'oeuvre de pop électronique riche en spleen, le disque, composé d'après images à partir de la première mouture du film, contient le joyau "Playground Love", chanté par Thomas Mars, de Phoenix (devenu depuis Monsieur Sofia). Une bande originale qui s'écoute aussi comme un grand disque.

Orange Mécanique (Stanley Kubrick, 1971) : Wendy Carlos - Ouverture de Guillaume Tell de Rossini

Qui eût cru que l'ultraviolence ait pour bande-son du classique ? En particulier, le quatrième mouvement de la Neuvième Symphonie de Beethoven et l'ouverture de l'opéra Guillaume Tell de Rossini. Interprétés par le transsexuel Walter, euh Wendy, au synthétiseur et à l'orgue, ces morceaux collent à la perfection avec l'esthétique sombre du film de Kubrick.

Mad Men (Matthew Weiner, 2007) : RJD2 - A Beautiful Mine

Le générique de Mad Men condense en moins d'une minute tous les thèmes de la série préférée de GQ. Composée par le producteur de hip-hop américain RJD2, la bande-son est un instrumental hip-hop à violons lancinants. Le titre "A Beautiful Mine" a aussi été utilisé pour la pub télé Eau Sauvage de Dior.

Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Michel Gondry, 2004) : Beck - Everybody's Gotta Learn Sometimes

Eternal Sunshine, c'est un Jim Carrey chevelu et une Kate Winslet en Moonboots. C'est aussi une bande-son signée Brion, qui contient moult pépites pop, telles "Everybody's Gotta Learn Sometimes" repris par Beck ou "Mister Blue Sky", une chanson fantastique de The Korgis - saccagée par une pub SFR.

Le Bon, la Brute et Le Truand"

Pendant la Guerre de Sécession, Tuco, Joe et Setenza, trois hommes préférant s'intéresser à leur profit personnel, se lancent à la recherche d'un coffre contenant 200 000 dollars en pièces d'or volés à l'armée sudiste. Chacun a besoin de l'autre...

Amicalement Vôtre (1971) : John Barry - The Persuaders

De John Barry, l'amateur de BO se souvient du travail sur les James Bond. Mais c'est curieusement pour la très chic série Amicalement Vôtre que John Barry se révèle au sommet de son art. Parvenant à insuffler une note de mélancolie dans l'easy-listening un peu convenu de la fin des années 60.

Ascenseur pour l'échafaud (Louis Malle, 1958) : Miles Davis - Sur l'autoroute

Les larmes sonores du plus grand soliste du siècle dernier, Jeanne Moreau errant dans les rues, Maurice Ronet enfermé dans un ascenseur, la caméra d'un Malle qui n'a que 25 ans... Pour beaucoup, cette BO est le meilleur album de jazz. Enregistré en une seule nuit, en décembre 1957, et totalement improvisé.

Paris, Texas (Wim Wenders, 1984) : Ry Cooder - Thème du film

La guitare slide est une vieille tradition de la musique populaire américaine, mais Ry Cooder l'élève carrément au rang d'art. Il est avant tout l'auteur de la bande-son narcotique de Paris, Texas, le film qui révéla Nastassja Kinski, son regard triste et son fameux pull en mohair framboise. Obsédante, la guitare retrace les paysages mentaux d'un homme abandonné par son grand amour au milieu d'un désert de solitude. Palme d'Or à Cannes en 1984.

Le Mépris (Jean-Luc Godard, 1963) : Georges Delerue - "Thème de Camille"

Le secret de Brokeback Mountain (Ang Lee, 2005) : Gustavo Santaolalla - The Wings

Histoire d'amour sublime pour les uns, mélo lacrymal pour les autres, ce film doit beaucoup à sa BO, signée de l'Argentin Santaolalla. Le titre "The Wings" ferait pleurer un rugbyman. Outre Brokeback, pour lequel il fut oscarisé en 2006, Gustavo a aussi réalisé des BO pour Inárritu (Amours chiennes, Babel...). Oh-la-la.

Les Chats Persans (Bahman Gohbadi, 2009) : Take It Easy Hospital - Human Jungle

Subway (Luc Besson, 1985) : Arthur Simms - It's Only Mystery

Nous préférons les bruits des couloirs du métro au chant des dauphins. La BO de Serra et de deux des Téléphone est donc une de nos madeleines, avec son slow, "It's Only Mystery", ou l'énorme basse du morceau-titre. On se surprend à aimer à nouveau les années 80 quand elles sont aussi funky que la coupe iroquoise d'Adjani.

Do the right thing (Spike Lee, 1989) : Public Enemy - Fight the power

Il faisait très chaud à Brooklyn pendant l'été 1988 au cours duquel Spike Lee tourna sa fresque sur les tensions raciales. La séquence d'ouverture de son film casse définitivement le thermomètre: on y voit la délicieuse Rosie Perez dansertout body Lycra dehors, sur le brûlot mythique de Public Enemy, "Fight The Power". Ensuite, c'est un Samuel L. Jackson qui réveille les auditeurs de We Love Radio sur un scat du groupe Take 6. Le reste de la BO fleure bon la soupe des années 80.

Le messager (Joseph Losey, 1970) : Michel Legrand - Thème du film

On a (re)découvert ce légendaire thème musical grâce à "Faites entrer l'accusé", l'émission de Christophe Hondelatte. Avant de surligner les sorties théâtrales d'Hondelatte, façon "SRPJ de Lyon", cette mélodie accompagnait les tourments du jeune Leo, 12 ans "le messager" héros du film de Losey.

Bullit (Peter Yates, 1968) : Lalo Schifrin - Thème du film

La musique de Bullit s'arrête lorsque que commence la plus célèbre course-poursuite du ciné. Les saxos s'effacent devant les vocalises des V8 de la Mustang et de la Dodge dans les rues de San Francisco. Les bruits de moteurs et les crissements de pneus appartiennent donc autant à cette BO culte que les compos de Schifrin.

ssaut (John Carpenter, 1976) : John Carpenter - Street Thunder

En plus d'être le cinéaste culte de New York 1997, Carpenter est aussi le compositeur de ses propres musiques. Notre préféré reste "Street Thunder" tiré d'Assaut. Un beat inquiétant, une basse innervante, un synthé tournoyant: ce morceau inspirera un paquet de musiciens électro des années 2000.

lumdog Millionaire (Danny Boyle, 2008) : Allah Rakha Rahman - Jai Ho

Fatigant, pétri de bons sentiments, Slumdog Millionaire est, quand on y repense, un film assez surestimé. Mais sa BO vaut le détour. On y trouve les titres-phares "O... Saya" et "Jai Ho", composées par A. R. Rahman, le "Mozart de Madras" (près de 200 millions de disques vendus). Mais aussi des pépites, comme "Paper Planes", de l'Anglaise M.I.A, monté sur un sample de "Straight To Hell" de The Clash.

Midnight Express (Alan Parker, 1978) : Giorgio Moroder - Thème du film

On a rarement entendu une BO aller si mal avec un film, à croire que Giorgio Moroder (qui a aussi signé celle de Scarface) avait travaillé sans se soucier des images. Reste un album idiosyncrasique, sorte de boîte à outils de l'esthétique eighties: lignes de basses robotiques, synthés dégoulinants, chanteuse variétoche qu'on finit par trouver touchante...

Ghost Dog (Jim Jarmusch, 1999) : Wu-Tang Clan - Fast Shadow

Il a fallu attendre la bande-son de Ghost Dog pour qu'une BO démontre que le hip-hop pouvait soutenir l'action avec autant de brio qu'un orchestre symphonique. RZA, le producteur du mythique Wu-Tang Clan, signe pour Jarmusch une collection de boucles instrumentales totalement hypnotiques.

Blade Runner (Ridley Scott, 1982) : Vangelis - Metallic rain

Pape de la musique new age, le Grec Vangelis compose pour le film Blade Runner la bande-son idéale du futur. Nappes de synthé, saxo aérien pour décrire un monde écartelé entre aspirations humaines et devenir machine. Trente ans après, grâce à lui, demain sonne encore ainsi, froid, languide et techno.