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L’Iran menacé de devenir un immense désert

La croissance démographique et le développement économique sont responsables d’une grave sécheresse.

Par  (Téhéran, correspondance)

Publié le 04 novembre 2014 à 20h11, modifié le 19 août 2019 à 14h23

Temps de Lecture 3 min.

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Pour le climatologue Nasser Karami, ces changements climatiques brutaux montrent que « le seuil de tolérance a été dépassé et que la nature ne résiste plus ».

Les Iraniens ont beau essayer de nier la gravité de la crise de l’eau, certains écologistes considèrent qu’il est déjà trop tard pour arrêter le train en marche d’une grave sécheresse. Pour les plus alarmistes, l’Iran sera « la prochaine Somalie », « un pays des fantômes dans trente ans », transformé en « un immense désert ». Réputé pour son climat continental, le pays connaît des changements radicaux et abrupts.

Ces deux dernières années, le lac d’Oroumiyeh, qui fut le plus vaste du Moyen-Orient (5 200 km2), situé dans la région iranienne de l’Azerbaïdjan (nord-ouest), s’est asséché à 95 %. Pour tenter de le sauver, le président modéré, Hassan Rohani, a décidé, le 27 novembre, de lui consacrer un budget de 7 300 milliards de rials (178 millions d’euros). Un autre plan est également en négociations avec les différents groupes de travail, baptisé « Nakasht » (« ne pas cultiver »). S’il est adopté, les agriculteurs des champs avoisinant la rivière de Zarineh Roud, qui se déverse dans le lac d’Oroumiyeh, seront payés 5 millions de tomans par an (1 200 euros) pour chaque hectare non cultivé.

Téhéran connaît aussi des problèmes d’eau. L’été dernier, trois des cinq barrages alimentant la capitale ont été pratiquement vidés, obligeant les autorités à mettre en place des programmes de rationnement. Dans la ville d’Ispahan, dans le centre du pays, l’assèchement de la rivière Zayandeh Roud a également profondément marqué les Iraniens.

« La nature ne résiste plus »

Pour le climatologue Nasser Karami, ces changements climatiques brutaux montrent que « le seuil de tolérance a été dépassé et que la nature ne résiste plus ». Pour cet enseignant à l’université de Bergen en Norvège, la cause principale résulte de la croissance démographique – l’Iran compte 78 millions d’habitants, deux fois plus qu’il y a quarante ans – et du développement économique du pays.

A la suite de la révolution en 1979 et de l’avènement de la République islamique, l’Etat a permis le développement sans limite de l’agriculture dans le pays, cherchant par ce biais une assise sociale et un soutien parmi les couches défavorisées et rurales. C’est le cas des régions avoisinantes d’Ispahan et de celles du lac d’Oroumiyeh. Dans l’Azerbaïdjan, la superficie des champs cultivés est passée de 150 000 à 600 000 voire 800 000 hectares.

Pour subvenir aux besoins des agriculteurs (92 % de l’eau consommée sont utilisés dans l’agriculture, dont 70 % sont perdus), barrages et digues ont été construits sans analyses scientifiques. Les spécialistes parlent de 700 grandes digues et en recensent presque 1 000 de tailles petite et moyenne. « Etant donné le climat plutôt continental de l’Iran, construire des barrages où une grande quantité d’eau, conservée pendant longtemps, s’évapore, n’est pas la solution optimale », explique Behrooz Dehzad, enseignant en écologie à l’université de Shahid Beheshti, située à Téhéran. Les agriculteurs et les villageois ont également foré de nombreux puits sans permission (leur nombre est estimé à 650 000), épuisant les nappes phréatiques.

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