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Croissance : semaine décisive pour la loi Macron

Professions réglementées, travail du dimanche : le projet de loi sur l’activité sera présenté mercredi en Conseil des ministres. Le débat, déjà vif, doit s’ouvrir au-delà des postures.

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Anne Hidalgo, maire PS de Paris.

Par Anne Hidalgo (Maire de Paris)

Publié le 7 déc. 2014 à 14:18

Emmanuel Macron, ministre de l'Economie.

A trois jours de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi pour l’activité portée par Emmanuel Macron , l’ensemble des forces politiques, sociales, et économiques du pays attendent l’annonce des mesures censées relancer une croissance en panne. La voie n’a, sans doute, jamais été aussi étroite pour trouver le bon équilibre entre la relance dans une économie mondialisée et les impératifs essentiels du maintien d’un modèle social tel que les fondateurs du programme du Conseil national de la résistance (CNR) en ont posé les bases en 1945.

Certes, tout le monde s’accorde sur la nécessité de relancer l’économie ou de simplifier les procédures, mais le recul des droits sociaux reste l’élément de crispation majeur. Cette loi « fourre-tout » veut notamment davantage flexibiliser le marché du travail, élargir les possibilités de travailler le dimanche, revenir sur la loi Alur sur le logement. La loi s’attaque aussi aux professions réglementées (notaires, avocats...), qui ont d’ailleurs prévu de se faire entendre dès mercredi dans la rue, avant une grande manifestation programmée pour l’ouverture du débat parlementaire le 22 janvier.

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Baptême du feu

Sur l’épineuse question du travail le dimanche , le débat est posé, y compris dans les milieux économiques. Avec, d’un côté, les grands magasins qui souhaitent des assouplissements et, de l’autre, l’UPA et la CGPME qui estiment que la généralisation du travail du dimanche fragiliserait le commerce de proximité dans les centres-villes. « Il faut gérer avec intelligence et doigté cette question, juge Eric Kayser, fondateur de la maison Kayser. On me demande d’ouvrir et de recréer des boulangeries artisanales à Londres et New York d’où elles ont disparu, parce que les “malls” et les centres commerciaux sont ouverts le dimanche. »

Cette loi fait figure de baptême du feu pour le nouveau ministre de l’Economie, qui va devoir convaincre une majorité qui n’est pas acquise. Et ce alors que les effets du pacte de responsabilité se font attendre... Le sondage que nous publions (lire page 4) montre cependant qu’ une majorité de Français soutient le projet de loi dans son ensemble. A la moitié du quinquennat, cette loi fait figure de test : pour le gouvernement, il s’agit d’affirmer haut et fort sa capacité à réformer le pays. Le tout sous le regard de la Commission européenne, qui a mis le budget français sous surveillance. « La portée de la loi est déjà en partie atténuée en raison des confrontations multiples (politiques, professionnelles...), s’inquiète toutefois Pierre Moscovici, le nouveau commissaire européen aux Affaires économiques. Je reconnais aussi qu’il y a nécessité à maintenir un modèle de protection sociale. » La chancelière allemande, Angela Merkel, a enfoncé le clou ce dimanche , en indiquant que la France et l’Italie doivent entreprendre davantage de réformes.

La réalité est complexe

Ne doit-on pas d’abord s’interroger sur la méthode ? La collégialité, le dialogue en amont de loi, le temps passé à élaborer un compromis seraient-ils du temps perdu ? Cela ne permettrait-il pas d’aboutir, au-delà des crispations et des caricatures, en partant de la réalité ?

Sur le fond ensuite, des voix s’élèvent, dans la majorité, dans les collectivités et dans certaines professions comme le BTP, pour proposer d’autres pistes afin de relancer l’économie française. Par exemple, en facilitant l’investissement public, un levier indispensable en temps de crise pour susciter l’investissement privé. « Les 10 milliards d’euros investis par Paris d’ici à 2020 généreront 200.000 emplois », souligne Julien Bargeton, adjoint aux finances à la mairie de Paris.

Sur une loi qui se veut aussi importante, ne pourrait-on pas considérer, pour une fois, que la réalité est complexe, qu’il vaut mieux partir de cette complexité plutôt que de caricaturer les positions ? Les solutions sont rarement binaires. Mais cela suppose que l’on accepte, à tous les niveaux, de poser avec objectivité les éléments du débat au-delà des postures.

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