Ces grands projets qui se heurtent à la fronde
Notre-Dame-des-Landes, Sivens, Bure, TGV Lyon-Turin... Confrontés à de fortes oppositions sur le terrain, ces programmes d'aménagement peinent à aboutir.
Tour d'horizon et état de chaque dossier.
Qu'est-ce qui est préférable : une ligne TGV pour gagner une poignée de minutes ou une montagne vierge et paisible ? Que faut-il choisir : une retenue d'eau pour permettre aux agriculteurs de faire pousser leur maïs ou une zone humide riche en espèces vivantes ? Répondre à ces questions n'est pas simple.
Les aménageurs promettent le développement économique ; les défenseurs de l'environnement sonnent l'urgence de freiner la destruction de notre milieu de vie. Les politiques, appelés à trancher, peinent à réconcilier les deux camps. Visite guidée de quelques-unes de ces « zones à défendre » parmi les plus emblématiques.
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)
Le projet de transfert de l'aéroport nantais à 18 km au nord, en pleine campagne, date d'un demi-siècle et fait l'objet de critiques depuis le début. Après les premières destructions de maisons et quelques grosses manifestations, Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et ex-Premier ministre de François Hollande, a suspendu les travaux jusqu'à ce que tous les recours en justice soient tranchés. Certains y voient le signe d'un possible abandon. Début novembre, le Premier ministre, Manuel Valls, a assuré que la détermination du gouvernement restait entière.
Sivens (Tarn)
Le conseil général du Tarn voulait construire un barrage dans la vallée du Tescou. La retenue d'un million et demi de mètres cubes d'eau devait permettre, à quelques dizaines d'agriculteurs, d'irriguer leurs cultures. En septembre, la tension est montée lors de l'arrivée des pelleteuses et l'abattage des premiers arbres. Le 25 octobre, une manifestation a tourné au drame avec la mort d'un militant écologiste, Rémi Fraisse. La ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, a entrepris une médiation et lancé la recherche de solutions alternatives.
Ferme des 1 000 vaches (Somme)
Avec la « ferme des 1 000 truies » des Côtes-d'Armor (lire ci-dessous), cette « usine à lait » est le symbole d'une agriculture industrielle honnie des écologistes et défenseurs de l'agriculture « paysanne ». Portée par un entrepreneur du BTP, l'étable géante a ouvert, en septembre à Drucat (Somme), avec une autorisation pour 500 vaches. Elle est couplée à une installation qui produit du méthane et de l'électricité à partir des déjections.
Center Parc de Roybon (Isère)
Les manifestations se multiplient depuis le début du défrichement d'une zone de 200 ha dans la forêt de Chambaran, près du plateau du Vercors. Le groupe Pierre et Vacances veut y édifier son cinquième Center Parc français : 1 000 « cottages » pouvant accueillir 5 600 personnes autour d'une « bulle tropicale » avec piscine et jacuzzis chauffés.
Bure (Meuse)
Le projet de centre d'enfouissement de déchets radioactifs suscite l'opposition de riverains et de militants antinucléaires depuis dix ans. L'agence nationale Andra veut stocker, pour des milliers d'années, à 500 mètres sous terre, 100 000 mètres cubes des résidus les plus dangereux des centrales nucléaires. Le Parlement devrait être amené à valider en 2015 la création du centre pour une mise en service en 2025.
LGV Lyon-Turin
Pourtant fervents partisans du transport ferroviaire, les écologistes voient dans ce projet, vieux de 20 ans, un formidable gaspillage. Le projet, estimé initialement à 8,5 milliards d'euros, permettrait de relier en deux heures les deux villes, française et italienne, en franchissant de longs tunnels sous les Alpes. Manuel Valls la juge, lui, « indispensable ». La France et l'Italie doivent défendre le dossier début 2015 à Bruxelles espérant que l'Union européenne en financera 40 %.