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Xi Jinping contre l’armée des « branleurs »

Etre un « branleur » dans la Chine « qui gagne » est devenu une action de résistance passive au modèle communiste dominant. Une contre-culture émergeante.

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Publié le 05 décembre 2014 à 15h06, modifié le 19 août 2019 à 14h06

Temps de Lecture 2 min.

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Après la corruption, le Parti communiste chinois a un nouvel ennemi : les « branleurs », en chinois les diaosi (littéralement « poil de bite »). Dans un article publié le 2 décembre, le très sérieux Quotidien du peuple, la voix du Parti communiste, dont le titre de « une » a été calligraphié par le président Mao en personne, s’inquiète de cette « mode ». « Beaucoup de jeunes se désignent désormais comme branleurs (…). Hommes ou femmes, qu’ils aient un peu de succès ou soient paresseux et décadents, tous se battent consciemment ou inconsciemment pour décrocher cette étiquette. Si vous ne l’êtes pas, c’est comme si vous vous détachiez des masses », s’inquiète le journal.

Le président chinois Xi Jinping lors de la visite du président sud-africain Jacob Zuma, le 4 décembre 2014, à Pékin.

Venu du Net, ce terme désignait au départ, de manière péjorative, les nuls ou les ratés – tous ceux qui n’arrivaient pas à se faire une place au sein de la Chine qui gagne. Mais de plus en plus de jeunes, qui refusent le système et sa course à l’argent et aux honneurs, ou qui détestent les héritiers du régime communiste aux privilèges exorbitants, ont revendiqué l’appellation. Une contre-culture est née. Etre diaosi n’est plus une injure, mais une fierté. Les médias et le marketing s’en sont emparés. Un comique en a même fait son beurre dans une série diffusée sur Sohu, l’un des plus grands sites du pays : ses sketches traitent des travers de la Chine urbaine.

« Résistance passive »

Mais, sous Xi Jinping, l’heure n’est guère à l’ironie, mais à l’« énergie positive » (zhengnengliang) pour mettre en avant les réussites de la Chine communiste. « L’article du Quotidien du peuple reconnaît presque la mode des branleurs comme une forme de résistance passive, juge Renaud de Spens, auteur du Dictionnaire impertinent de la Chine (avec Jean-Jacques Augier, Books Editions, nouvelle édition 2015, 462 pages, 24 euros). Etre branleur en Chine, c’est faire de la résistance passive au modèle du régime victorieux. »

Cette inquiétude intervient aussi à un moment où le régime resserre son emprise sur le monde culturel. Et le nouveau héros de Xi Jinping est un blogueur nationaliste de 33 ans, Zhou Xiaoping, le modèle même de l’anti-branleur qui s’est fait connaître par ses attaques contre les Etats-Unis. Lors d’une réunion avec le monde artistique et culturel, en octobre, le numéro un chinois a vanté les mérites de M. Zhou, l’encourageant à continuer à écrire des « œuvres porteuses d’énergie positive ». Mais, sur les réseaux sociaux, l’armée des branleurs l’a vite attaqué, lui trouvant un surnom : le « Roi des 5 cents », en référence à ces internautes payés par le régime pour poster des commentaires positifs.

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