La société des journalistes du Monde choquée par Pierre Bergé

© Matthieu Riegler, CC-BY

La société des journalistes du Monde s'est dite "choquée" mardi par les nouvelles critiques publiques de Pierre Bergé, l'un des actionnaires du quotidien, envers le critique littéraire du Monde des Livres, Éric Chevillard, qu'il a insulté sur Twitter. En octobre déjà, Pierre Bergé, président du conseil de surveillance du Monde, avait critiqué une chronique d'Éric Chevillard sur un livre de Patrick Modiano, Prix Nobel de littérature 2014, estimant que Le Monde était "ridicule" d'avoir "descendu" cet auteur une semaine avant son prix. Il avait aussi déclaré qu'il "désapprouvait le plus souvent" le supplément littéraire du Monde. Mardi de nouveau, après un article de Denis Cosnard sur le discours de Patrick Modiano à l'académie des Nobels, Pierre Bergé s'en est pris à Eric Chevillard, dans un jeu de mot "facile et déplacé" sur le nom de Denis Cosnard, s'est insurgée la SDJ.

 "Nous regrettons que le président du conseil de surveillance du Monde ait cru bon d'ajouter l'insulte à son mécontentement coutumier", indique-t-elle.  "L'exercice de la critique, qu'elle concerne les arts, les lettres, le théâtre, le cinéma ou la musique, doit demeurer libre. Loin de nous l'idée d'empêcher M. Bergé de s'exprimer publiquement, mais cette intervention nous choque. Elle nuit à l'image de notre journal et à la sérénité du travail de la rédaction", conclut-elle.  De son côté Eric Chevillard a rétorqué sur son blog : "voilà de longs mois déjà que je ne réponds que par des blagues aux propos insultants de Pierre Bergé à mon égard. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il devrait s'interdire de donner son avis sur ma chronique au prétexte qu'il est propriétaire du journal. Emporté par sa vindicte, il lui arrive cependant de me calomnier - ainsi mon article sur Modiano n'était pas un éreintement en règle, mais une critique respectueuse et nuancée", poursuit-il. "Puis voilà que j'apprends qu'il me traite maintenant de connard (sic) depuis la branche de Twitter où il croasse ses imprécations. Cela confine au harcèlement moral, non ? J'ai donc le choix : ou bien je lui envoie ma démission, ou bien je m'immole par le feu dans le hall du journal. Ou j'attends plutôt qu'il me vire ; et au moins les choses seront claires", a-t-il jugé.

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