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Les géants japonais de l’électronique misent sur l’agriculture

Eprouvées par la concurrence, notamment sudcoréenne, sur les produits grand public les grandes firmes nippones investissent dans des fermes futuristiques.Un concept qu’elles espèrent exporter.

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Toshiba vient d’inaugurer à Yokosuka, dans une ancienne usine de production de disquettes fermée il y a vingt ans, une ferme expérimentale conçue comme une salle blanche à ambiance aseptique.

Par Yann Rousseau

Publié le 9 déc. 2014 à 18:49

Il y a quatre ans, Takayoshi Tanizawa développait dans un centre de recherche des fauteuils de massage pour Panasonic lorsque son patron lui a proposé une nouvelle aventure : l’agriculture. Il y a quelques jours, l’ingénieur célébrait, à Kawagoe, en banlieue de Tokyo, les premières ventes d’épinards de sa ferme modèle construite avec les technologies high-tech de Panasonic. « Finalement, c’est un peu la même chose. C’est un jeu de pompes et de moteurs », s’amuse le cadre, qui gère le nouveau pôle « agricole » du géant japonais de l’électronique.

Sur un étroit terrain, le groupe a bâti, pour deux frères paysans de la région, trois serres gérées électroniquement, où le rythme de croissance des légumes est contrôlé en permanence par des capteurs d’humidité, de chaleur ou de lumière. En fonction de ces mesures, les serres modifient, seules, le volume de leur circulation d’air, leur arrosage ou le degré d’ouverture des rideaux qui les protègent du soleil.

Huit récoltes d’épinards au lieu de cinq

En échange d’un investissement d’environ 5,5 millions de yens (37.000 euros) par serre, Panasonic promet huit récoltes d’épinards par an contre cinq habituellement dans une région pénalisée depuis une dizaine d’années par de très fortes chaleurs l’été. « Avec ces technologies, nous voulons régénérer l’agriculture traditionnelle quise porte mal au Japon. Il s’agit de doper les productions tout en réduisant les besoins de main-d’œuvre », détaille l’ingénieur, qui entrevoit un marché gigantesque dans le pays mais aussi à l’étranger.

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Alors qu’ils sont débordés, notamment par les sud-coréens Samsung et LG, sur les marchés de l’électronique grand public qui avaient fait leur gloire, plusieurs géants japonais explorent actuellement ce marché de l’agriculture high-tech, convaincus de pouvoir enclencher un nouveau moteur de croissance.

Du mizuna sur des plaques de polystyrène

Toshiba vient, ainsi, d’inaugurer à Yokosuka, dans une ancienne usine de production de disquettes fermée il y a vingt ans, une ferme expérimentale conçue comme une salle blanche à ambiance aseptique. Les « paysans » y travaillent en combinaison de chirurgiens sur des blettes, des épinards ou du mizuna poussant sur des plaques de polystyrène qui reposent sur une eau dopée en fertilisants.

Dans cet espace clos totalement propre, les pesticides sont inutiles. « Nous avons l’avantage de posséder toutes les technologies nécessaires à cette production », explique Noriaki Matsunaga, le responsable du projet. Les salles sont, ainsi, équipées d’un éclairage fluorescent dont la longueur d’onde est optimisée pour la croissance des légumes. Elles sont aussi dotées d’une climatisation maintenant constants les niveaux de température et d’humidité. Des systèmes de surveillance contrôlent la croissance des jeunes pousses. Et le management du site se fait sur une organisation comparable à celle éprouvée dans les grandes usines d’électronique du groupe.

Des LED pour encourager la photosynthèse des fraises

Si Toshiba compte produire dans sa « ferme du futur » pour 300 millions de yens (2 millions d’euros) de légumes chaque année, il espère aussi pouvoir exporter son concept à l’étranger, notamment dans des zones réputées difficiles pour la ­culture. Sharp, l’inventeur de l’écran LCD, teste de son côté, à Dubaï, un site de production de fraises entièrement clos, où des LED diffusant une lumière violette encouragent la photosynthèse. Une usine de plus grande envergure pourrait être ouverte avant le printemps 2016 aux Emirats arabes unis, pour alimenter un marché régional très friand de fraises japonaises, particulièrement sucrées.

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