Pour Marine Le Pen, la torture est un mal nécessaire. C'est ce que la présidente du Front national a affirmé en substance, mercredi 10 décembre. Interrogée par BFM-TV et RMC sur le rapport américain détaillant des sévices infligés par la CIA à des personnes suspectées de terrorisme, l'eurodéputée a déclaré : « Moi, je ne condamne pas (...). Sur ces sujets-là, il est assez facile de venir sur un plateau de télévision pour dire : “Ouh la la ! C'est mal”. »
Interrogée sur le point de savoir si l'on pouvait utiliser la torture, Mme Le Pen a répondu :
« Oui, oui, bien sûr, cela a été utilisé dans l'Histoire. Je crois que les gens qui s'occupent de terroristes et accessoirement de leur tirer des informations qui permettent de sauver des vies civiles sont des gens qui sont responsables ».
Pour Mme Le Pen, nécessité fait loi. Et dans les cas où une « bombe – tic-tac tic-tac tic-tac – doit exploser dans une heure ou deux et accessoirement peut faire 200 ou 300 victimes civiles », « il est utile de faire parler la personne ».
Des propos validés par Gilbert Collard, député Rassemblement bleu Marine (RBM) du Gard, le même jour sur i-Télé :
« C'est vrai que la torture doit être le recours ultime quand il faut sauver des vies, la torture pour la torture c'est ignoble, mais cette espèce de lâcheté qui consiste à dire 'Tant pis que les innocents meurent pourvu que j'aie les mains propres'...» Si pour sauver vingt, ou dix, ou deux ou une vie, je dois malmener un tortionnaire, je le fais, je le fais avec dégoût, mais ces choix sont absolument courageux ».
Pourtant, peu après son interview, Marine Le Pen a récusé avoir défendu le recours à la torture, dénonçant une « interprétation malveillante » de ses propos.
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TRADITION LEPÉNISTE
Avec ces propos, Marine Le Pen s'inscrit dans la tradition lepéniste. Jean-Marie Le Pen a, en effet, répété à plusieurs reprises que la torture pouvait être utilisée dans certains cas. Ainsi, en juin 2002, en réponse à des accusations de tortures qu'il aurait pratiquées lorsqu'il était parachutiste en Algérie, il a affirmé lors d'une conférence de presse :
« C'est un terme très vague la torture. Ça commence où ? Ça finit où ? Les procédés d'interrogatoires musclés se trouvaient justifiés par le secret, qui était l'arme principale des terroristes. »
Quelques mois plus tôt, M. Le Pen avait donné une interview retentissante au quotidien israélien de gauche Haaretz. Son argumentation de l'époque entre étrangement en résonance avec les propos de sa fille aujourd'hui.
M. Le Pen évoque encore une fois les tortures lors de la guerre d'Algérie :
« C'est très facile d'être critique quand on est assis dans son fauteuil. (…) Nous n'avons pas écrasé les terroristes en étant gentils avec eux. La guerre contre le terrorisme est une chose brutale ».
Il disait préférer l'expression « interrogatoires poussés » plutôt que « tortures » car ce mot ferait « le jeu des terroristes ».
Enfin, en 1987, Jean-Marie Le Pen affirmait au Monde :
« S'il faut torturer un homme pour en sauver cent, user de violences pour découvrir un nid de bombes, la torture est inévitable. »
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