Le FN cherche-t-il à investir le champ syndical, notamment Force ouvrière ? En l’espace de deux jours, le parti d’extrême droite et l’un de ses satellites, le collectif Racine, ont pris fait et cause pour FO, en plein scrutin dans la fonction publique. Un soutien que réfute la centrale syndicale, en parlant de « provocation ». « Il n’y a aucune ambiguïté, déclare au Monde Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO. Nos conceptions sur la solidarité, la République et contre le racisme ne changeront jamais. Ce n’est pas parce que le FN dit qu’il prétend aimer la République qu’on va devenir antirépublicains ! »
M. Mailly a toujours adopté une ligne ferme face à l’extrême droite. « Les idées racistes, xénophobes ou antisémites que nous avons toujours rejetées avec force, conviction, analyse et humanisme, germent surtout sur le terrain de la misère et des crises économiques, affirmait-il le 29 janvier. L’Histoire le montre. Pour FO, combattre le rejet de l’autre, quel qu’il soit, c’est combattre d’abord l’austérité et sa logique triplement suicidaire : économiquement, socialement et démocratiquement. » M. Mailly rappelle qu’il a été le seul patron de confédération à être menacé d’être poursuivi en justice par le FN lors de la présidentielle de 2012. Interrogé sur une possible rencontre avec Marine Le Pen, il avait rétorqué : « Ma tasse de thé n’est pas le national-socialisme. »
« Juste colère »
Des propos qui ne semblent pas perturber le FN. Sous la plume de Nicolas Bay, aujourd’hui secrétaire général du FN, on pouvait lire le 25 novembre que la formation lepéniste soutenait « la juste colère de la fédération des transports Force ouvrière ». « Démission de l’État, laxisme de la justice : le syndicat a fort bien désigné les causes de cette situation. Le Front national entend bien y répondre en restaurant l’autorité de la République », ajoutait le dirigeant frontiste, peu connu pour ses sympathies syndicales.
Autre exemple : le collectif Racine, ce groupe d’enseignants qui évolue dans le giron du Rassemblement bleu Marine, appendice du FN. Son secrétaire général, Alain Avello, a appelé à voter FO et Snalc (droite) aux élections dans l’éducation nationale. Pour M. Avello, ces « syndicats dont l’indépendance politique, l’attachement à la République et l’engagement pour la défense du service public ne sont plus à démontrer » s’opposent aux centrales « politisées » que seraient le SNES-FSU, l’UNSA et le SGEN-CFDT. Surtout, le collectif Racine entend « faire barrage » à SUD-Education, véritable épouvantail pour l’extrême droite.
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