Tunisie - Économie : il est urgent de ne plus attendre

Inflation, corruption, grognes des enseignants... Pendant que l'Assemblée effectue ses premiers pas, les Tunisiens s'impatientent. Et les groupes armés tuent.

Par notre correspondant à Tunis,

Billet de 10 dinars tunisiens.
Billet de 10 dinars tunisiens. © DR

Temps de lecture : 3 min

#Finances

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Le budget d'un État permet de lister ses priorités. Pour 2015, le projet de loi de finances place le ministère de l'Éducation nationale en pole position budgétaire avec 3,8 milliards de dinars, en hausse de 13 %. Mais l'addition des sommes allouées à l'Intérieur et à la Défense s'élève à 4,4 milliards. La sécurité nationale prime en ces temps terroristes.

#Jihad

Le brouhaha politique relègue en brève la décapitation le 1er décembre d'un garde national par un groupe salafiste, au Kef. Cet acte fait suite à l'assassinat de cinq militaires, gouvernorat du Kef toujours, le 5 novembre dernier. Malgré les vagues d'arrestations - plusieurs milliers depuis le début de l'année -, on observe que les groupes armés se meuvent aisément dans les régions du nord-ouest.

#Augmentation

Serait-ce la hausse de trop ? La STEG - l'EDF tunisienne - pèse lourdement dans le budget des foyers. Néanmoins, la facture sera alourdie de 7 % en 2015. Le ministre des Finances a expliqué cette décision par la hausse des prix du pétrole et le taux de change défavorable du dinar par rapport au dollar (il faut débourser 1,85 dinar pour un billet vert). Une analyse surprenante tant le prix du baril de pétrole a chuté depuis l'été, passant de 110 dollars à 70 ces jours-ci. Le coût de la vie - qui a commencé à exploser après la crise financière de 2008 - demeure la préoccupation numéro un des Tunisiens. Avec une inflation de 5,4 % sur les douze derniers mois, une croissance stoppée à 2 %, des salaires qui stagnent, l'annonce de ce gros coup de pouce au coût de la consommation électrique passe mal. Et sera un mauvais cadeau fait au prochain gouvernement. Le candidat Beji Caïd Essebsi s'est engagé dimanche soir sur la chaîne Nessma à mettre un terme aux augmentations.

#Corruption

Le hit-parade annuel fourni par Transparency n'est pas encourageant pour la jeune démocratie tunisienne. Le pays recule à la 79e place sur 175 pays étudiés. L'instrument mesure la perception de la corruption dans le secteur public par des experts internationaux. L'association IWatch - qui veille notamment sur les politiques publiques - a déclaré que le gouvernement de Mehdi Jomâa n'avait rien fait pour contrer ce fléau. Le signal envoyé aux investisseurs n'est pas encourageant. L'économie du secteur privé est cadenassée par quelques clans à hauteur de 50 % (dernier rapport de la Banque mondiale). Voici le public dans la ligne de mire pour cause d'agissements troubles d'une partie de la haute administration.

#Grognes

Près de 90 % des enseignants ont fait grève. Afin de protester contre la dégradation de leurs conditions de travail - le système éducatif public cumule tous les maux de la société - et demander des augmentations de salaire. Ce qui, au vu des finances étatiques, semble impossible. Ce mouvement social semble cependant annonciateur d'une vague de revendications dans de nombreux secteurs d'activités. Le prochain gouvernement devra à la fois apurer les comptes tout en calmant la poudrière sociale. Un exercice qui s'annonce complexe faute d'une réelle stabilité politique.

#Présidentielle

La campagne pour le 2e tour est lancée pour un scrutin prévu le 21 décembre. Beji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki s'affrontent pour l'instant par entourages interposés. BCE arrivé en tête avec 39 % des voix et refuse tout débat télévisé avec son "compétiteur", comme il qualifie l'actuel président de la République. L'heure est aux anathèmes et fort peu aux propositions concrètes.

#Assemblée

L'ARP, l'Assemblée des représentants du peuple, a connu sa séance inaugurale mardi 2 décembre. Après la légitime émotion des premières heures, la politique a repris ses droits avec voracité au Bardo. L'élection de son président - qui remplacera le président de la République en cas de décès - a été repoussée faute d'accords entre partis. Si Nidaa Tounes bénéficie d'un groupe de 86 élus, cela ne lui accorde pas la majorité fixée à 109 députés. Son candidat, Mohamed Ennaceur, 80 ans, sera proposé au vote ce jeudi. À moins d'un accord entre Nidaa et les islamistes d'Ennahda. Ceux-ci se sont réunis en urgence hier soir. Ordre du jour : choisir un candidat pour le perchoir de l'ARP. Le débonnaire Mourou a été préféré au jeune Samir Dilou, ex-ministre des Droits de l'homme, pour devenir le probable vice-président de l'Assemblée.