UMP : comment Sarkozy occupe les "casse-couilles"

Après une première salve de nominations, Nicolas Sarkozy vient de récidiver en distribuant 28 postes. Shadow cabinet ou manoeuvre politicienne ?

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Les secrétaires thématiques nommés par Nicolas Sarkozy sont chargés d'organiser des conventions.
Les secrétaires thématiques nommés par Nicolas Sarkozy sont chargés d'organiser des conventions. © Kenzo Tribouillard/AFP

Temps de lecture : 3 min

Une petite commission d'investitures, un timide comité chargé d'organiser la primaire, seuls deux discrets porte-parole, et pas le moindre secrétaire thématique. Le premier organigramme annoncé par le nouveau patron de l'UMP au lendemain de son élection semblait bien trop modeste pour le rester.

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L'espace de quelques jours, certains optimistes crurent pourtant révolu le temps de l'armée mexicaine à la tête de l'UMP. Puis, des promesses furent faites, des services rendus, des ego meurtris, et la liste d'attente des mécontents et des méritants s'allongea. Pour calmer les esprits, amadouer les ambitieux, Nicolas Sarkozy eut une idée : élargir le cercle restreint des bénéficiaires de ses largesses.

C'est sans doute dans cet esprit "rassembleur" que fut rédigé le communiqué envoyé le mardi 9 décembre annonçant vingt-huit nominations. "Ce n'est pas énorme, relativise un heureux gagnant. Vous savez combien il y a de sortants ? Deux cent cinquante-cinq !" Parmi ces vingt-huit qualifiés, on trouve dix-huit secrétaires thématiques priés de se ranger sous la coupe de Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente déléguée du mouvement. Une perspective qui a suffi à faire fuir Nadine Morano : "Je ne voulais rien en cette phase terminale de l'UMP surtout avec la constitution du tandem Wauquiez/NKM, on a subi la guerre des grands chefs, c'est pas pour subir la guerre des petits chefs." D'autres au contraire ont accepté avec entrain à l'instar de Jérôme Peyrat, conseiller politique de NKM et conseiller régional d'Aquitaine promu secrétaire thématique à la ruralité, qui salue la présence "de gens de qualité capables de monter des conventions intéressantes".

Shadow cabinet ?

À en croire les participants, ces secrétaires constitueraient presque un shadow cabinet capable de réagir vite et bien à l'actualité. "C'est le gouvernement de l'UMP, affirme Valérie Debord, chargée de la famille. Notre mission : opposition/proposition. Nous devons nous opposer dans la presse, dans des colloques, et proposer grâce à nos rencontres avec les acteurs de nos domaines." À ses troupes, Nicolas Sarkozy a d'ailleurs demandé une disponibilité "à 100 %", imposant même des tours de garde pendant les vacances. "Ce sont de vraies missions avec de vrais objectifs à atteindre", conclut Debord.

Pour que leur travail soit apprécié au grand jour, les secrétaires thématiques ont la lourde responsabilité d'organiser des conventions sur chacun des sujets couverts par ce gouvernement de l'ombre. Le top départ devrait être donné après le conseil national de l'UMP en janvier. La preuve, selon les intéressés, que ces postes ne sont pas des titres vidés de toute substance.

"Occuper les casse-couilles"

Mais faut-il leur rappeler ce que Nicolas Sarkozy murmure en privé sur les conventions ? À l'un de ses visiteurs qui l'interrogeait au printemps sur son programme pour l'UMP, celui qui n'était pas encore président du parti lançait : "C'est comme pendant la présidentielle, toutes les conventions qu'on a faites, c'était pour occuper les casse-couilles, donc c'est très bien, on va refaire des conventions, et en plus ça évite qu'on dise qu'on n'a pas de programme."

Une vision cynique mais réaliste à en croire l'un de ces anciens conseillers : "Les conventions, ce sont autant de mecs qui ne sont pas dans la rue ou sur les réseaux sociaux en train de gueuler." Pendant que Sarkozy poursuit son bonhomme de chemin vers la primaire, les secrétaires thématiques penseront à leurs conventions au lieu de se perdre en complot et autres manigances préjudiciables au chef. "D'autres nominations devraient encore suivre", prédit, un brin ironique, un cadre du parti. Finalement, en Sarkozie, distribuer des postes, c'est comme abroger la loi Taubira : "Si ça [leur] fait plaisir, ça coûte pas cher." Et c'est toujours utile.

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Commentaires (83)

  • Clicoeur

    Votre commentaire est loin de refléter la présomption d'innocence, d'autant plus que Guillaume Peltier semble aujourd'hui être mis hors de cause dans l'affaire qui le concerne.

  • Epona

    Je constate avec plaisir que beaucoUp d'entre-nous ont un jugement sain face aux guignolades actuelles.
    Une réforme éfficace ciblerait en premier les dépenses publiques concernant ces politiciens de droite comme de gauche qui font partie de commissions avortées de conventions inutiles avec des mandats multiples, ces copains coquins qui ont des fonctions bidon et des privil?ges exhorbitants qui les suivent jusqu'à la tombe (et on meurt vieux de nos jours) et paralysent le pays.

  • sylvester

    Ou bien comme lu sur un journal « Sarkomence ». Après le machin pour occuper les maires UMP dans un comité, voilà plusieurs nominations qui font de ce parti surendetté une sorte d’armée Mexicaine en déroute. Avec la mise en examen de certains des anciens patrons comme Guillaume Peltier, que l’on ne voit plus beaucoup sur les écrans de télévision nous expliquer ce qu’est une entreprise privée, lui qui s’est servi de sa société pour faire des prises illégales d’intérêts, voilà la grande armée des « casses couilles » qui se met en route pour qu’ils soient occupés et ne gênent pas le maître.
    Guillaume a été remplacé par son copain Geoffroy Didier, qui lui ressemble sur le plan du cynisme et qui a repris le flambeau devant les caméras de télévisions pour nous expliquer ce qu’est réellement le travail, lui qui n’a jamais franchi les portes d’une entreprise et qui n’est même pas un élu, simplement un apparatchik pur cru de l’UMP.
    Une des raisons qui aurait donc empêché Madame Nadine de faire partie des heureux élus de cette nouvelle fournée, viendrait du fait que le travail proposé n’était pas à la hauteur de sa grande et importante personne.
    Notre grand Maître est entrain de recréer en plus important encore, ce qui exister avant la mise au pain sec opérée par les trois anciens premiers Ministres pour juguler la dérive des dépenses du parti, suite à la démission de JF Copé. Mais comme l’UMP va changer de nom, peut-être qu’il demandera la mise en liquidation de ce parti pour effacer d’un seul coup les dettes qu’il a lui-même engendré. Avec cet homme on n’est pas au bout de nos surprises, quelle imagination débordante, créer des Machins et des trucs pour occuper les élus et les cadres du parti.