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Au Japon, une campagne électorale d’un autre siècle

Le code électoral japonais est très strict et l’usage d’In­ternet étroitement bordé.

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Les contraintes électorales datent des années 1950 et ont tardé à s’adapter aux nouvelles réalités de la communication politique

Par Yann Rousseau

Publié le 11 déc. 2014 à 18:09

La nuit est déjà tombée. Sous une pluie glacée, les employés se pressent vers l’entrée du métro Hanzomon. Dans l’indifférence totale, une estafette, les fenêtres ouvertes et les haut-parleurs hurlants, roule au ralenti dans les rues adjacentes à la Shinjuku Dori, au cœur de la première circonscription de Tokyo. Une voix d’homme hurle sans fin le nom de « Miki Yamada » et promet « la reprise économique ». A la fenêtre du van, la députée sortante du parti conservateur PDL affiche un sourire figé. Sur la large écharpe jaune de « Miss » qu’elle porte en bandoulière, son nom est encore inscrit en larges caractères rouges. Elle agite mécaniquement une main gantée de blanc, qui doit, dans la symbolique électorale nippone, prouver qu’elle est « propre » et garantira une gouvernance sans corruption.

Porte-à-porte interdit

Comme les autres candidats en lice pour les législatives de dimanche, Miki Yamada mène une campagne d’un autre siècle dans un cadre juridique extrêmement contraint. Cherchant à l’origine à garantir l’égalité de traitement entre les candidats, les législateurs japonais ont défini dans les années 1950 des règles électorales très strictes et ont, depuis, tardé à adapter ces pratiques aux nouvelles réalités de la communication politique. La loi interdit ainsi le porte-à-porte, qui risquerait de favoriser l’achat de vote, et restreint grandement les passages à la télévision. Dans les quinze jours qui précèdent le vote, les candidats quadrillent donc les villes et les campagnes dans des estafettes ressassant leur nom pour l’imprimer dans l’inconscient des passants. Devant les stations de métro, les gares ou les centres commerciaux les plus fréquentés, ils s’arrêtent, chaque heure, une dizaine de minutes pour crier quelques idées phares de leur projet politique pendant que leurs militants, auxquels il est interdit d’offrir un sandwich ou un onigiri, distribuent quelques prospectus. La loi encadre aussi le nombre de dépliants, d’affiches au format prédéfini et de vans pouvant être utilisés.

L’an dernier, pour la première fois, le Parlement a autorisé les campagnes digitales et tous les candidats ont ouvert des comptes Facebook, Line ou Twitter. Mais, là aussi, l’usage d’Internet est étroitement encadré. Les candidats et leur parti ont par exemple le droit d’envoyer des mails contenant de la propagande politique mais les particuliers n’ont pas le droit, eux, de transférer ces messages politiques. Les retweets de messages de candidats sont aussi interdits. Et le ministère de la Communication vient de publier une très sérieuse affiche rappelant que les activités électorales en ligne étaient strictement interdites aux moins de 20 ans.

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