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La Française Laure Prouvost remporte le prestigieux prix Turner d'art contemporain

La jeune femme de 35 ans a créé la surprise en l'emportant face au favori des bookmakers, David Shrigley, et à deux autres nominés.

Le Monde

Publié le 02 décembre 2013 à 22h21, modifié le 03 décembre 2013 à 12h01

Temps de Lecture 3 min.

La jeune femme de 35 ans, originaire de Croix, a créé la surprise, en l'emportant face au favori des bookmakers David Shrigley et à deux autres nominés.

Laure Prouvost est la première artiste contemporaine française à remporter le Turner Prize, doté de 25 000 livres (30 200 euros), le prix le plus prestigieux attribué à un artiste contemporain. Il lui a été décerné lundi 2 décembre à Derry (Irlande du Nord), où se tient jusqu'au 5janvier 2014 l'exposition regroupant les quatre candidats.

La jeune femme, âgée de 35 ans, née à Croix (Nord), près de Lille, mais qui vit à Londres (ce qui lui permet de participer, avec Wantee, au Turner Prize, réservé à un résident ou à un natif britannique), était confrontée à de sérieux concurrents: Lynette Yiadom-Boakye, David Shrigley – donné favori par les bookmakers – et surtout Tino Sehgal, qui a remporté le Lion d'or de la dernière biennale de Venise.

Présidé par Penelope Curtis, directrice de la Tate Britain, le musée londonien qui patronne le prix, le jury, où figuraient notamment le directeur de la Hayward Gallery de Londres, des conservatrices du Van Abbemuseum d'Eindhoven et du musée d'art moderne de Francfort, et un responsable du National College of Art de Dublin, a déclaré – après trois heures de délibérations où, selon Mme Curtis, l'utilisation d'images très courtes, familière à la « génération Instagram », dans les vidéos de Laure Prouvost, a fait grande impression – que son travail les avait séduits notamment parce qu'« il s'était avéré plus profond qu'ils n'avaient imaginé qu'il pouvait être, avec une réelle richesse de texture ». Allusion à l'utilisation simultanée de vidéos mais aussi d'une pratique apparemment traditionnelle de la terre cuite. « Son travail mêle les faits, la fiction, l'histoire de l'art et les technologies modernes », a ajouté le jury dans un communiqué.

Ses sculptures exposées sur le stand de la galerie britannique MOT International lors de la dernière foire Frieze de Londres en témoignaient: des meubles vieillots où s'accumulaient des objets façonnés par une grand-mère fictionnelle qui passait ainsi le temps, tandis que son mari avait disparu sous terre, en creusant sous le salon familial un tunnel qui devait le conduire jusqu'en Afrique…

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C'est une partie du charme du travail de Laure Prouvost : une technique qui ne néglige pas les savoir-faire traditionnels (de la sculpture à la vidéo), au service d'un art presque aussi rêveur que conceptuel. Le fruit d'une éducation commencée avant le baccalauréat au rigoureux mais ouvert institut Saint-Luc de Tournai, en Belgique, avant de gagner l'Angleterre en 1999, et les non moins prestigieuses écoles Saint Martin College of Arts puis le Goldsmiths College de Londres. A Saint Martin, elle découvre le peintre John Latham (1921-2006), qui y enseigne. Un doux dingue qui produisait des «pensées gelées», avait cofondé avec deux scientifiques l'Institute for the Study of Mental Images, et rêvait de donner une forme esthétique aux terrils de la région de Glasgow.

Elle a été un temps son assistante, et il n'est pas impossible qu'une partie de son côté délicieusement loufoque vienne de là. Il est aussi inspiré par la vie de l'artiste allemand Kurt Schwitters (1887-1948), qui abandonna dans sa maison de Hanovre son Merzbau, une construction foisonnante et improbable qui envahissait le bâtiment, pour se réfugier en 1940 en Angleterre ; et surtout par celle de sa compagne Edith Thomas, surnommée « Wantee » à cause de son habitude de lui demander : « Want tea ? » Un travail qui avait déjà été présenté à Londres à la Tate Britain dans une exposition rendant hommage aux années anglaises de Schwitters dont son grand-père fictionnel aurait été un ami, imagine- t-elle. Selon le quotidien britannique The Guardian, cet univers mettant en scène, avec nostalgie et tendresse, des grands-parents et un monde disparu, aurait aussi contribué à séduire le jury.

Lauréate du prix Max Mara, ce qui lui a valu une exposition à la Whitechapel Gallery de Londres cette année, elle est quasi inconnue en France, où elle participe toutefois à l'actuelle biennale de Lyon après une exposition en octobre à la Belle de mai, à Marseille, mais la voilà célébrée en Grande-Bretagne. « Une moitié de moi se sent britannique, a-t-elle déclaré. J'ai vécu ici la moitié de ma vie. Mon compagnon est aussi à moitié britannique et ma fille, Céleste, née cinq semaines avant l'exposition du Turner Prize, les deux. C'est vraiment ce pays qui m'a laissée grandir. »

En février 2014, Laure Prouvost sera exposée à New York au New Museum et en septembre2014 à Paris, à la galerie Obadia.

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