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La fidélité à l'entreprise récompensée pour les patrons du CAC 40

Trente groupes du CAC 40 offrent des retraites supplémentaires à leurs dirigeants. La moyenne s'élève à 570.000 euros.

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Par Laurence Boisseau

Publié le 16 déc. 2014 à 01:01

Trente patrons exécutifs du CAC 40 bénéficient d'un régime de retraites supplémentaires à prestations définies. Cette rente allouée par les entreprises leur assure une somme de 570.000 euros en moyenne par an, qui vient s'ajouter à la pension du régime obligatoire. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Cette retraite chapeau dépend du régime en vigueur dans l'entreprise, et de l'ancienneté du patron. Ce régime ne concerne pas que les patrons du CAC 40. La plupart du temps, il est mis en place pour l'ensemble du comité exécutif voire davantage.

L'ancienneté récompensée

Les retraites supplémentaires les plus élevées bénéficient la plupart du temps à des patrons qui font partie de l'entreprise depuis longtemps et qui ont contribué à façonner le groupe qu'ils dirigent. Franck Riboud, fils d'Antoine Riboud, est entré en 1980 chez Danone, après ses études. Henri de Castries a rejoint AXA en 1989. Paul Hermelin a commencé à travailler pour Capgemini en 1993. Bruno Lafont a commencé sa carrière chez Lafarge en 1983 comme auditeur interne à la direction financière. Jean-Paul Agon est entré en 1978 à sa sortie d'HEC chez L'Oréal. Jean-Pascal Tricoire a été salarié de Schneider dès 1988, deux ans après son MBA d'EM Lyon.

Si le patron part avant sa retraite, il perd tout

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Les mandataires sociaux n'ont plus de contrat de travail. Du coup, les sommes provisionnées sont élevées. D'autant que le versement des rentes est souvent conditionné à la présence du dirigeant dans le groupe lors de son départ à la retraite. S'il part avant, il perd tout. C'est le cas de Christopher Viehbacher, contraint à la démission chez Sanofi. Il ne percevra pas les 499.932 euros qu'il aurait pu toucher. Evincé en avril 2013, Denis Hennequin, l'ancien patron d'Accor ne touche pas non plus sa retraite chapeau. Ces risques expliquent pourquoi le dirigeant débauché se voit souvent octroyer d'office à son arrivée plusieurs années d'ancienneté. Quand Christopher Viehbacher a démissionné de GSK pour Sanofi,le laboratoire pharmaceutique lui a reconnu dix ans d'ancienneté. Pour Jacques Aschenbroich, directeur général de Valeo en 2009, après vingt ans chez Saint- Gobain, le conseil lui a reconnu dès le départ une ancienneté de cinq ans, « compte tenu de son âge et sachant qu'il ne bénéficiait d'aucune retraite supplémentaire ». Chez Carrefour, le groupe reconnaît une ancienneté aux personnes nouvellement embauchées à partir de 45 ans. Elle est plafonnée à dix ans.

Conformité avec le code Afep Medef

Le code de gouvernance Afep-Medef est presque toujours respecté. La retraite chapeau ne peut dépasser 45 % du revenu de référence (rémunérations fixes et variables). Airbus y déroge, mais comme le groupe est basé à Amsterdam, il n'a pas à le respecter. Selon le document de référence de Danone, la retraite supplémentaire de Franck Riboud pourrait lui procurer un montant égal à 64 % de sa rémunération. Pourtant, Danone est en ligne avec le code, car ce régime, datant des années 1970 quand cette pratique favorisait les carrières complètes dans une même entreprise était encouragée par les pouvoirs publics, a été fermé à tout nouveau bénéficiaire fin 2003. Or, la limite des 45 % ne concerne pas les plans de retraite fermés aux nouveaux bénéficiaires.

Le débat entre dans l'entreprise

Certains groupes ont proposé de réformer les systèmes en place pour éviter la polémique. Ainsi, à l'initiative de Gilles Schnepp, Legrand devrait revoir cette année son régime de retraite et le rendre moins favorable aux dirigeants. Gilles Schnepp percevra finalement moins que la somme estimée fin 2013. Chez Veolia Environnement, Antoine Frérot a renoncé cet été à son avantage. Il aurait dû toucher une rente de 30.000 euros par an. Mais, en juin 2014, le conseil a décidé, à sa demande, de fermer ce type de régime.

Ceux qui n'en ont pas

Stéphane Richard chez Orange s'est prononcé contre ce régime. Chez Publicis, aucun membre du directoire n'en bénéficie. Maurice Lévy n'y a pas droit, mais, il touchera pendant les trois ans après la cessation de ses fonctions, 5,4 millions d'euros en contrepartie d'un engagement de non concurrence. Christophe Cuvillier, d'Unibail, n'a pas non plus de plan de retraite à prestations définies. Mais il avait touché, pour la seule année 2013, 200.000 euros, présenté par le groupe comme équivalent à « une retraite à cotisations définies et une contribution additionnelle à réinvestir ». Frédéric Oudéa n'a pas droit à une retraite chapeau, mais un complément de rémunération (300.000 euros par an) lui a été accordé quand il a rompu son contrat de travail avec la Société Générale pour être mandataire social. Enfin, Henri Proglio n'en touchera pas au titre d'EDF, mais il reçoit déjà 720.000 euros par an au titre de sa carrière chez Veolia. Cette somme a été reversée à la Fondation de France.

L. Boi.

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