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Politique

Quand Sarkozy sème le doute y compris parmi ses proches

Une fois les micros coupés, certains barons de l'UMP parlent de lui comme d'un président "qui ne parvient pas à se faire respecter", un "fou furieux" dont le "logiciel est dépassé".
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Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy devant le siège de l'UMP
Sipa

Mais où est passée l’autorité impérieuse de Nicolas Sarkozy? "On dirait un professeur débordé qui ne parvient pas à se faire respecter, au point de piquer des colères déplacées". Les dirigeants de l’UMP ont quasiment tous recours à la comparaison peu flatteuse du "maître qui ne parvient plus à maîtriser ni les autres ni ses nerfs". Chacun vous rapporte, avec effarement, le dernier bureau politique du parti où, "fou furieux, des absences, des multiples retards, le corps et le visage tourmentés de tics, il a fini par péter les plombs". L’ancien président est sorti de ses gonds, c’est le cas de le dire, pour une porte mal huilée qui grinçait à chaque entrée d’un des très nombreux retardataires : "la première fois il s’est crispé, la seconde il s’est décomposé, la troisième il a explosé : il y en a marre…"

L’ancien président peut en avoir assez: il ne fait plus peur. Comme s’il était un roi déchu, on ne l’écoute guère, on lui obéit mal quand on ne lui désobéit pas carrément. Alors qu’il a si longtemps impressionné et régné  par sa vista, son tempérament autoritaire sinon tyrannique, sa séduction et son bagou de bateleur, le charme parait rompu. Derrière son dos, on ricane. Parfois devant. On tient tête, quand hier on courbait la nuque.

Les anciens, et anciennes en particulier, telles Rachida Dati et Nadine Morano, refusent ses oukases et bravent ses colères en l’invitant "à se calmer" comme s’il était un petit enfant qu’il faut encore moucher. Xavier Bertrand n’est plus seul à lui dire les yeux dans les yeux qu’il ne sera "plus jamais son serviteur". François Fillon qui pliait toujours les genoux devant lui a désormais la jambe et la parole raides !

Il ne récompense que ceux qui lui résistent

Alain Juppé, qui craignait sa virile brutalité, s’en accommode désormais, et la décrit comme une faiblesse et non comme une force. Bruno Le Maire qui faisait devant lui le complexe de l’énarque bien né, n’hésite plus à lui dire "non" en face. Comme l’a fait Nathalie Kosciusko-Morizet qui a obtenu ce qu’elle voulait en titre et prérogatives après deux jours de bouderie. Chacun a retenu la leçon: "Sarkozy ne récompense que ceux qui lui résistent". Alors, les rebelles sont partout…

Car les jeunes aussi font de la résistance. "On ne lui doit rien, confient-ils (en off tout de même pour ménager l’avenir…). On a été élu sans lui, ou plutôt malgré lui!". La percée de Bruno le Maire comme symbole de la rénovation les a marqués, de même que la popularité d'Alain Juppé qu'aucun sondage ne vient infirmer. Si Nicolas Sarkozy se baladait dans les cotes de popularité ce serait sans doute une autre histoire. Mais son entrée dans l’atmosphère politique lui a au contraire fait perdre des points. Il recule, mais pas Marine Le Pen !

Il devait tout casser… Il a déçu. Certes, il a gagné la présidence de l’UMP, mais petitement. Sans avancer de propositions neuves. Sans paraître avoir mûri, ni tiré quelque leçon que ce soit de son échec. "Quand il vous reçoit, vous raconte-t-on, il commence par 5 minutes de compliments, puis il ne parle que de lui". Les représentants des professions libérales qu’il a reçus en sont encore tout ébaudis: "il nous a fait la leçon pendant trois quarts d’heure, à notre âge…" Sort-on jamais de l’égotisme ?

"On ignore ce que pense le chef"

Qu’il persiste en ses "prêches au trésor", en particulier au Qatar n’arrange rien, alors que Juppé et Le Maire ont fait savoir leur désaccord éthique. La peur de l’argent sale rode, de même que celle des juges dont chacun se demande quand ils vont hanter de nouveau le siège de l’UMP. Mais pour couronner le tout, l’incertitude idéologique règne. "On ignore ce que «le chef» pense vraiment sur quelque sujet que ce soit" vous confient les élus UMP.

Ce qui est gênant, car en principe doit être échafaudé d’ici le congrès de début février un socle commun de dix convictions partagées par tous les leaders et que reprendraient les candidats aux cantonales. "Sur le mariage pour tous ? Sur l’Europe ? Sur le social? Quelles idées Nicolas Sarkozy a-t-il avancées qu’on puisse avoir en partage?" Personne ne sait, mais pire, beaucoup doutent que les novations puissent venir de lui. "Son logiciel est dépassé, vous assure-t-on. Il appartient à la fin du XXème siècle. Son obsolescence est programmée". Mon Dieu, gardez-moi de mes amis… 

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