Accusée par
Washington d’être à l’origine du hacking de Sony Pictures
Entertainment [le 24 novembre], la Corée du Nord attire à nouveau
l’attention de la communauté internationale. Depuis son arrivée
au pouvoir, Kim Jong-un, président du Comité de la défense
nationale, aurait considérablement renforcé les capacités de
cyberattaque de son pays, considérées aujourd’hui comme faisant
partie des meilleures au monde.

L’armée et les
services de renseignements de la Corée du Sud pensent qu’un
“commandement de cybernétique stratégique” a vu le
jour en août 2012, suivant la volonté de Kim Jong-un. Il venait
épauler le Bureau politique général de l’état-major général,
un des organes de commandement de l’armée populaire de Corée, né
en 2009 pour centraliser les opérations à l’étranger et qui
constituait le noyau des forces cybernétiques. Celles-ci disposent
par ailleurs de plusieurs bureaux qui appartiennent au parti, à
l’armée ou au gouvernement. 1 200 hackers au service de l’Etat
Kim Jong-un aurait
également porté les effectifs humains du secteur de 3 000 à
6 000 personnes. Les unités de hackers gérées par le Bureau
politique général compteraient plus de 1 200 membres
professionnels, dépassant ainsi en ampleur celles des Etats-Unis.

Ces hackers ont
prouvé leur compétence ces dernières années en provoquant
plusieurs cyberattaques d’envergure en Corée du Sud ou ailleurs, un
des exemples étant l’attaque DDos produite en juillet 2009.
Attribuée à la Corée du Nord, celle-ci avait paralysé les réseaux
d’institutions sud-coréennes suprêmes, comme la maison
présidentielle et le Parlement. Le département du Trésor et celui
de la Sécurité intérieure des Etats-Unis en avaient été
également victimes. En avril 2011, la Corée du Nord avait à
nouveau été accusée d’avoir perturbé le réseau de la
Coopérative agricole du Sud et, en mars 2013, ceux des médias comme KBS, MBC, YTN, de la banque Shinhan et de la Coopérative agricole.Une formation de pointe
L’armée
sud-coréenne n’est pas non plus à l’abri. Les autorités
militaires signalent depuis juin de nombreux courriels de
hacking envoyés aux militaires et aux réservistes et de fréquentes
attaques sur leur site web.
La Corée du Nord a
mis en place un système pour former une élite dédiée aux
activités de hacking. Depuis 2001, les meilleurs élèves du
primaire reçoivent une formation informatique de pointe dispensée
dans les collèges 1 et 2 Kumsong de Pyongyang, puis dans les
meilleures universités telles que Kim Il-sung, Kim Chaek, Mirim ou
Moranbong. Ils sont ensuite placés dans les organes susmentionnés.
Les Nord-Coréens
mèneraient leur cyberguerre depuis la Chine – de Pékin, et des
provinces du Heilongjiang, du Shandong, du Fujian, du Liaoning – ou
depuis l’Asie du Sud-Est. La presse étrangère a révélé que
l’attaque de Sony avait été organisée depuis le réseau d’un
hôtel de luxe en Thaïlande.