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Soir de fête pour les migrants

L’association Coallia, qui gère l’épineuse question de l’hébergement des migrants, a invité plusieurs centaines de demandeurs d’asile à un réveillon solidaire dans l’Oise.

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Multiculturel, coloré. À l’heure de la banalisation du racisme sur fond de chômage massif, l’association Coallia, qui gère des centres d’hébergement pour demandeurs d’asile, a permis, lundi soir, à plusieurs centaines d’échoués du monde entier de se retrouver au château des Rochers, à Nogent-sur-Oise, pour un réveillon solidaire. Depuis plusieurs mois, les résidents de quatre foyers répétaient une pièce de théâtre en vue d’animer cette soirée. Un spectacle de fin d’année, mais pas de Noël, puisque Noël est la fête des seuls chrétiens.

« Dans les centres se côtoient des Congolais, des Nigérians, des Kosovars, des Arméniens, des Syriens pour qui l’isolement est une difficulté supplémentaire », résume Véronique Cappe, chef du service éducatif chez Coallia (anciennement l’Aftam), qui gère l’asile de 600 demandeurs. « La plupart ne connaissent rien de la culture de l’autre. Les migrants changent en fonction des conflits dans le monde. »

En attente d’un statut

Difficile de comprendre le parcours de ces déracinés, débarqués illégalement en France pour un avenir voué aux difficultés voire à la misère. Dans quelques semaines, ou quelques mois, selon les possibilités de l’administration, ils auront un entretien avec un officier de protection de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) qui devra démêler le vrai du faux. À la clé, un hypothétique statut protecteur de réfugié, en cas de persécution ethnique, religieuse ou politique considérée comme réelle par l’Ofpra. D’autres bénéficieront peut-être de la « protection subsidiaire » de la France, s’ils peuvent convaincre l’Office qu’ils sont victimes de guerre, menacés de peine de mort ou de tortures.

« Je n’arrive plus à parler de tout ça, il n’y a que sur la scène que j’oublie », bredouille Lenga Asstou, comédienne, en France depuis février 2014, après avoir fui la République démocratique du Congo (RDC) pour raisons politiques. « Certaines des femmes ont été violées, emprisonnées, leur famille massacrée. Elles expriment tout ça dans un bureau, comme on dépose un bagage, au moment de leur demande d’asile. Mais dans le quotidien, c’est très difficile à dire », explique Véronique Cappe. « Notre travail c’est de permettre à toutes ces personnes de se reconstruire, de les valoriser. D’où l’idée de cette soirée. »

Pour sa part, Jean Benzango, chauffeur en RDC, se réjouit de voir qu’en France le président de la République peut se fait engueuler à la télévision par un citoyen (ne) lambda. « Chez nous, une telle chose est inimaginable. » Les migrants attendront parfois 4 ans avant d’être fixés sur leur sort. En attendant, l’administration leur délivre des récépissés renouvelables tous les 3 mois qui ne leur donnent pas le droit de travailler.

P.M.