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Pourquoi les Japonais dépendent de la frite américaine

Au Japon, McDonald's pratique régulièrement des promotions sur les frites pour inciter à leur consommation. © Issei Kato / Reuters/REUTERS

VIDÉO - Les fast-food McDo au Japon seront à nouveau réapprovisionnés en frites à partir de début janvier. L'épisode de rationnement des frites témoigne du décalage entre une consommation en forte hausse et une production locale quasi-inexistante.

Pour faire revenir les frites, le Japon est prêt à utiliser les grands moyens. Le pays, au bord de la pénurie, va affréter des avions supplémentaires pour acheminer les pommes de terre surgelées depuis les États-Unis. Ces dernières sont en effet bloquées depuis plusieurs semaines dans les ports de l'ouest américain en raison d'une grève des dockers. Le rationnement, en vigueur dans les restaurants McDonald's depuis le 17 décembre, sera levé le 5 janvier prochain. «Nous allons continuer de suivre attentivement l'évolution de la situation et faire de notre mieux pour assurer un approvisionnement stable», a assuré McDonald's.

Si le géant américain des fast-food se pose comme le garant des frites du pays, c'est parce qu'il utilise à lui seul environ 45% des frites importées par le Japon chaque année. C'est essentiellement dans ce type de restaurant que les Japonais engloutissent 300.000 tonnes de «french fries» surgelées par an. Près de 80% de ces frites proviennent des États-Unis, selon un rapport du département américain de l'Agriculture (USDA). La frite américaine écrase la concurrence au Japon: seuls les Canadiens (32.148 tonnes) et les Belges (15.541 tonnes) tentent encore de se faire une place.

Pas de production locale

Si les fast-food, essentiellement américains, n'ont jamais joué la carte de la frite 100% locale (à l'inverse de McDonald's en France), c'est pour des raisons structurelles. Au Japon, la production est quasi-inexistante: la frite ne représente que 2,5% des légumes transformés et surgelés dans le pays. Globalement, la pomme de terre japonaise n'a pas vocation à être transformée en frite ou croquette, rappelle l'USDA: 33% de la production se consomme fraîche et 36% est destinée aux féculeries, ces usines chargée d'extraire la fécule pour en faire des produits dérivés (nouilles, soupes, sauces…).

Le Japon fait par ailleurs face à une production de pommes de terre en constante baisse. L'an dernier, celle-ci a encore reculé de 3,5% à 2,41 millions de tonnes. La météo explique en partie le phénomène. Les agriculteurs d'Hokkaido, principale région productrice, ont subi un manque de pluie pendant la croissance du légume. Mais le problème est surtout structurel: la taille des fermes baisse et les agriculteurs vieillissant ne trouvent pas de successeurs.

En parallèle, le Japon fait face à une demande en forte progression qui atteint 15 kilos par habitant et par an. Celle-ci est portée par une jeunesse occidentalisée, amatrice de repas rapide et pas chers. McDonald's propose régulièrement des cornets de grandes frites au prix de petites. Cette politique agressive qui pousse à consommer de la frite américaine fait le bonheur des producteurs de l'ouest américain, principaux fournisseurs de l'Archipel. Dans ce contexte, «l'expansion des ventes américaines devrait se poursuivre», assure l'USDA.

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