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Libération
31 raisons de sauver 2014 (25)

2014, l'année où la France a (presque) remballé sa vaisselle en plastique

Pendant tout le mois de décembre, retour sur les quelques bons moments de l’année écoulée.
par Richard Poirot
publié le 25 décembre 2014 à 9h06
(mis à jour le 25 décembre 2014 à 10h21)

Elles n’ont pas été si nombreuses, les raisons de se réjouir lors de l’année écoulée. Alors nous avons choisi de les surligner à l’occasion du bilan. Pendant tout le mois de décembre, retour sur 31 raisons de sauver 2014 du marasme (oui, un calendrier de l’Avent court en principe jusqu’à Noël, mais on n’allait pas s’arrêter si tôt). Aujourd’hui, le début de la fin des assiettes et des gobelets en plastique jetable.

François-Michel Lambert n’avait peut-être pas mesuré le poids de l’amicale des pique-niqueurs. Ce député Vert a proposé cet automne, lors des discussions à l’Assemblée nationale concernant le projet de loi sur transition énergétique, d’interdire la vaisselle plastique jetable. Un amendement trop avant-gardiste au vu des résistances qui ont surgi lors du débat à l’Assemblée.

Et pourtant, le député des Bouches-du-Rhône avait travaillé ses arguments : ce promoteur de l'économie circulaire déplore l'usage croissant de cette vaisselle dans la restauration collective, «les fêtes communales», «les baptêmes, les mariages où, une fois sur trois, c'est de la vaisselle jetable qui est utilisée». Sans parler de la restauration à emporter. Fast-foods, sandwicheries, bars à salades… Selon le cabinet spécialisé Gira Conseil, la «vente au comptoir» – 113% de croissance ces neuf dernières années – dépasse en chiffre d'affaires le service à table, avec quelque cinq milliards de «prestations/repas» par an. «On vous donne une petite cuillère, une fourchette et un couteau alors que vous n'achetez qu'un yaourt.» Ce gâchis l'énerve. «Un gobelet en plastique jeté dans la nature, c'est cent ans d'impact. Ce que nous avons jeté dans la nature depuis trente ans, ni vous ni moi ne verront leur disparition totale de notre environnement immédiat.»

Or, un des axes du projet de loi concerne la valorisation des déchets organiques – essentiellement composés des restes alimentaires – via le compostage ou la mise en place d'une collecte sélective. Et justement, la vaisselle plastique jetable, quand elle ne finit pas dans la nature, atterrit rarement dans la poubelle de tri. «Montrez-moi quelqu'un qui, chez lui, va mettre de côté les restes de pizza de la vaisselle plastique! Il le fait peut-être une fois, pas dix.» D'où l'idée de promouvoir l'usage de vaisselle compostable.

«Des assiettes en carton, en bois, en pulpe de canne à sucre»

Mais sa proposition embarrasse. La fin des sacs plastique à usage unique, OK. Mais pas la vaisselle ! Dès la discussion en commission, des voix s'élèvent. Outre le caractère «antisocial» de cette initiative qui pénaliserait les plus pauvres, utilisateurs de vaisselle jetable, sa proposition «risque d'apparaître comme un amendement «anti pique-nique», lance la ministre Ségolène Royal. Qui admet qu'une «filière de matériel biodégradable de pique-nique se met en place» et «qu'il faut l'encourager», mais qu'il est «trop tôt».

Lambert défend son projet, réplique : «Je vous montrerai, dans l'hémicycle, qu'il existe des assiettes, des couverts, des verres biodégradables ou réutilisables.» Et rappelle que «rien n'empêche les citoyens d'aller à la plage avec leurs couverts et leurs assiettes réutilisables.» Cécile Duflot vole à son secours. «On peut pique-niquer avec des assiettes en carton, en bois, en pulpe de canne à sucre.» Rien n'y fait. L'amendement est rejeté.

Mais il revient lors du débat dans l'hémicycle, le 10 octobre. Avec les mêmes arguments : «Je ne peux accepter cet amendement – que l'on pourrait qualifier d'"amendement anti pique-nique" – d'une part parce que les produits de substitution biodégradables sont plus chers […] et d'autre part parce que ce type de vaisselle est utilisé par des familles en situation de précarité.»

Vote de l'amendement 2181 concernant l'interdiction de la vaisselle en plastique jetable.

Finalement, après discussion, l’amendement sera voté, mais avec une mise en place reportée à 2020 au lieu de 2016. L’annonce bruisse sur Twitter, divisé entre applaudissements et ironie.

Reste à savoir si le texte passera l'étape sénatoriale, en début d'année 2015. «Je n'y crois pas», coupe François-Michel Lambert. «J'ai des doutes sur un Sénat qui risque de ne pas être le relais de la société qui change. Mais bon, tant que le débat n'est pas clos.»

Calendrier de l’Avent. Un jour, une histoire qui sauve 2014 :

Et demain ?

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