Houellebecq va faire une peur bleue à la France !

Dans "Soumission", il raconte comment la France se donne à un parti islamiste sans (trop de) heurts et avec l'assentiment des partis politiques et des médias.

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"Soumission", de Michel Houellebecq, sort aux éditions Flammarion le 7 janvier 2015. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Soumission (éditions Flammarion, sortie le 7 janvier 2015), le nouveau livre de Michel Houellebecq, est-il islamophobe ? Telle est la question qui suinte depuis quelques jours des discussions parisiennes... Si oui, le scandale menace d'être immense, une nouvelle affaire Zemmour... Eh bien, non : Soumission n'est pas un brûlot anti-musulman. Il est pire que ça : une théorie convaincante et inspirée sur la fin de notre civilisation européenne, de sa culture et de sa démocratie. Cela mérite une explication.

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Au printemps 2022, François Hollande achève son second mandat. Bien qu'il l'ait gagné cinq ans plus tôt contre Marine Le Pen, il est déconsidéré, honni, détesté, et ne parvient pas à empêcher la montée en puissance de la Fraternité musulmane, qui, sous la férule du charismatique, intelligent et cultivé Mohamed Ben Abbès, rallie de plus en plus de suffrages. Le second tour de la présidentielle oppose ce nouveau venu à la candidate du FN. Les partis traditionnels de gouvernement (UMP, PS, UDI) se rallient à ce "visage présentable de l'islam". Et le tour est joué... Les femmes sont interdites d'emplois publics, permettant ainsi l'embauche de centaines de milliers d'hommes et une baisse spectaculaire du chômage, elles ne peuvent plus porter la robe ou la jupe dans les lieux publics, les professeurs de faculté doivent se convertir au terme d'un processus qui ne prend que quelques heures.

Le confort émollient de la démocratie mène à son suicide

Sous la plume de Michel Houellebecq, la société française semble se satisfaire de ce nouvel ordre des choses. C'est d'ailleurs ici que commence la véritable provocation du livre. Pour l'auteur, notre société avachie dans le confort émollient de la démocratie et biberonné à un État providence qui pourvoit à tout glissera presque naturellement vers cette charia douce. Un prof à la Sorbonne gagnera désormais 10 000 euros par mois, sera logé et libre d'épouser jusqu'à quatre femmes, dont une - de 15 ans ! - pour la bagatelle et une autre pour tenir le foyer. Certes, en échange de ces avantages, il doit accepter qu'un croissant et une étoile soient posés à côté de l'écriteau "Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3" sur la façade de l'établissement...

Houellebecq insiste également sur l'aveuglement, le silence, la passivité et finalement la complicité des médias et des intellectuels de centre gauche dans l'accession au pouvoir de la Fraternité musulmane. Des crimes sont commis à la veille de l'élection : ils sont passés sous silence. Pour ne pas donner prise au racisme, on refuse d'évoquer les méfaits commis par des voyous se revendiquant de l'islam, on tait les écrits de jeunesse de Ben Abbès, beaucoup moins conciliants avec la culture judéo-chrétienne de la France que ses discours de façade... Les services secrets qui, semaine après semaine, constatent l'évolution des banlieues et plus généralement du pays entier sont muselés, puis leurs agents invités à prendre leur retraite... Et voilà comment, démocratiquement, avec l'assentiment de nos élites, notre démocratie craque de toute part, cède et se soumet pour un plat de lentilles.

Trop faux pour être vrai ?

Soumission est un livre sur le suicide de l'Europe et de ses habitants. Science-fiction, diront la plupart des commentateurs. C'est évidemment un peu court... Michel Houellebecq y décoche des flèches empoisonnées au curare contre nos élites. Ainsi, cet extrait à propos de ceux qui se sont emballés pour Staline, Mao, Pol Pot et finalement Ben Abbès : "L'intellectuel en France n'avait pas besoin d'être responsable, ce n'était pas sa nature."

Mille et une petites perfidies et provocations parsèment l'ouvrage, comme l'installation dans l'ancien hôtel particulier de Jean Paulhan du nouveau recteur de la Sorbonne, futur ministre devenu la figure parfaite de l'intellectuel collabo et converti. Ou son héros prénommé François qui, après avoir quitté Paris pour ne pas être happé dans ce nouvel ordonnancement, finit par regagner la capitale, reprendre ses cours sur Huysmans et même préfacer le volume que La Pléiade se décide à consacrer à ce romancier naturaliste... Il aura résisté 100 pages, hésité 100 autres et, par lassitude, facilité et esprit de conciliation, il rentre dans le rang... Soumission est, bien entendu, un roman, c'est-à-dire un texte dans lequel tout est faux, mais tout a les apparences de la vérité, ou plus exactement de la vraisemblance...

Soumission, de Michel Houellebecq, éditions Flammarion, 300 pages, 21 euros. En librairie le 7 janvier.

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Commentaires (334)

  • graindesel

    "mort de rire" !... (c'est presque le cas de le dire !)

    ce ne sera pas faute d'avoir prévenu !

  • Hatool

    Que ceux qui critiquent sans savoir, cela va souvent de pair, le lisent mais ils faut savoir comprendre au deuxième degré voire plus... Monsieur Houellebecq a vraiment trouvé sa place dans la littérature française

  • kebab1

    De MH est que ce seront toujours les mêmes qui prendront en main des kalashnikovs. Je suis certain que non, et la tendance ne va que s'accentuer. C'est une arme facile d'emploi, les pires abrutis sont capables de les manipuler avec efficacité, hélas. Les jeunes dont on ne parle jamais sont prêts, et ils sont encore une majorité, encore discrète.