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Santé: auscultation d'une année contrastée

La ministre de la Santé Marisol Touraine (de dos), en visite le 13 janvier 2014 à l'hôpital Robert-Debré (Paris), discute avec une sage-femme. GARO/PHANIE/phanie

L'actualité médicale de 2014 a été marquée par l'arrivée de nouveaux traitements, des plans de santé publique décevants et une épidémie d'Ebola sans précédent.

Progrès dans le médicament, santé publique enlisée, la France de la santé a connu une année contrastée… et a tremblé devant la menace Ebola.

• Hépatite C, alcoolisme: des remboursements très attendus

Du côté des médicaments, l'année a apporté deux bonnes nouvelles aux patients français: le remboursement d'un traitement remarquable de l'hépatite C, le Solvadi, et celui du Baclofène contre l'addiction à l'alcool. Tout n'est hélas pas parfait. La ministre de la Santé a jugé que le Solvadi était trop coûteux pour être remboursé à tous les malades atteints par le virus de l'hépatite C. C'est la première fois dans notre pays que le remboursement d'un traitement est limité pour des raisons économiques, et non selon des critères strictement médicaux. On aboutit au paradoxe qu'un malade doit attendre d'avoir des dégâts avancés du foie pour pouvoir en bénéficier. Quant au Baclofène, qui n'est pas le traitement miracle de tous les alcoolismes comme certains voudraient le croire, il n'en reste pas moins une arme parfois très efficace. Considérant les dégâts causés par l'alcool, on ne peut que se féliciter que le Baclofène soit enfin autorisé et remboursé. Dommage que les conditions de prescription soient complexifiées à souhait, ce qui risque d'en limiter les bénéfices.

• Cancer: deux avancées majeures

Deux traitements représentent des espoirs considérables. D'abord, l'immunothérapie, contre ce redoutable cancer de la peau qu'est le mélanome. On a, pour la première fois, atteint des taux de survie à deux ans de près de 90 % en associant deux immuno-modulateurs, alors que l'on obtenait au mieux 10 % de survie avec les traitements existants.

Même chose avec une thérapie ciblée, l'irutinib, qui a montré des résultats spectaculaires dans le traitement d'un cancer du sang, la leucémie lymphoïde chronique (nos éditions du 20 février), la plus fréquente des leucémies de l'adulte avec 3.000 nouveaux cas par an.

• De battre, le cœur artificiel Carmat ne s'est pas arrêté

Il y a tout juste un an, c'est une technologie française, le cœur artificiel de la société Carmat, qui frappait les imaginations. Hélas, comme souvent en médecine, l'enthousiasme initial devait laisser place au doute avec le décès, le 2 mars 2014, de Claude Dany, 75 jours après qu'il eut reçu un cœur Carmat à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (Paris). Il faut dire que ce cœur imaginé par le Pr Alain Carpentier, l'un des papes de la chirurgie cardiaque française, est un bijou de technologie. Un pari audacieux aussi puisqu'il implique d'enlever la majeure partie du cœur malade, en ne gardant que son «chapeau» pour y fixer le prototype de la société. Aucun droit à l'erreur, mais une ultime chance de survie pour des patients à qui il ne reste plus que quelques semaines à vivre.

Il faudra probablement attendre encore plusieurs années avant de savoir si le cœur Carmat connaîtra le succès commercial d'Airbus, d'Ariane ou du TGV, car le syndrome du Concorde, technologie brillante mais trop complexe et trop coûteuse, menace encore Carmat. L'avenir de la société, entièrement dévolue à ce projet, dépendra d'abord de la survie des trois autres patients prévus dans cette phase d'essais, puis d'une miniaturisation qui élargirait un marché réduit par la taille imposante du cœur Carmat.

Les nouvelles sont bonnes concernant le deuxième patient, implanté le 5 août. Il y a trois semaines, le directeur général adjoint de Carmat Patrick Coulombier assurait: «Les choses se passent bien.»

• Des déceptions aussi…

Le rêve de guérir, par des doses massives et précoces d'antiviraux, des bébés nés contaminés par le virus du sida s'est effacé en 2014.

En France, ce sont les plans ministériels de Marisol Touraine qui ont beaucoup déçu les experts en santé publique: un plan de lutte contre le tabagisme sans hausse sensible du prix du paquet donc probablement peu efficace, et un plan de lutte contre les maladies neurodégénératives frisant l'indigence. Enfin, deux innovations très attendues cette année ont été repoussées à 2015: la disponibilité des autotests du sida et des nouveaux tests immunologiques de dépistage du cancer colorectal.

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