IDÉE. L'eurêka, le aha moment, l'éclair de génie, l'instant où l'ampoule s’allume… est visible dans le cerveau ! Un phénomène qu'explorent sans relâche John Kounios et Mark Beeman respectivement de l’université Drexel (Philadelphie, Pennsylvanie) et de la Northwestern University (Evanston, Illinois).
Tout d’abord, ce processus est plutôt le fruit de l’hémisphère droit, tandis que la pensée analytique implique davantage le gauche. Une première étude (Beeman, 2004) en IRM fonctionnelle et en électroencéphalogramme - qui mesure les ondes du cortex cérébral - l’a même localisé. Au moment où les volontaires apportent une réponse ingénieuse (créative), l’IRM montre une activité accrue dans le gyrus temporal supérieur droit (schéma ci-contre), zone activée lors d’associations entre différentes informations éloignées.
L’EEG révèle à son tour une augmentation dans cette même zone 2 des ondes gamma. Les chercheurs ont depuis affiné l’expérience (Kounios et Beeman, Annual Review of Psychologie, 2014). Ils ont mesuré les ondes gamma de volontaires devant répondre à des questions analytiques (déduction) ou créatives (association d’idées).
On remarque alors que si les ondes cérébrales correspondant à la réflexion "analytique" ou "créative" se superposent au début, elles divergent 300 millisecondes avant que le volontaire appuie sur le bouton pour donner sa réponse, prouvant que le processus mental n’est pas le même. L’EEG révèle aussi une chose inattendue, un pic d’ondes alpha (que l’on observe en méditation par exemple) survenant juste avant l’eurêka. Une sorte de calme concentré avant la révélation.
NUMÉRIQUE. Cet article est extrait de Sciences et Avenir n°815, en vente en décembre 2014. Le magazine est disponible en version digitale via l'encadré ci-dessous.