Artisans, commerçants. Des envies de révolte

Ils se disent en galère, étranglés, épuisés. Au bord du gouffre, pour certains. A Morlaix et sa région, ils sont plusieurs petits commerçants et artisans à s'être fédérés pour crier leur ras-le-bol fiscal. Dans leur viseur, le RSI, qui fait l'unanimité contre lui. Ce Régime social des indépendants sera au coeur d'une manifestation, organisée le 12 janvier, à Paris, pour dénoncer ce système qu'ils jugent « écrasant ».

Artisans, commerçants. Des envies de révolte

« C'est bien plus qu'un coup de blues. C'est un véritable ras-le-bol ! ». Jeudi 18 décembre, 19 h 15. Le rendez-vous était fixé à l'Eden café, ce petit troquet du quartier de Pors an Trez, à la frontière entre Morlaix et Saint-Martin-des-Champs. Autour du zinc, ils sont une vingtaine de commerçants et artisans à converser. On trouve là un cafetier, un électricien, mais aussi un taxi, un peintre, un plombier, ou encore un comptable, un chausseur... Tous réunis, via les réseaux sociaux, pour confronter leur situation. Et exprimer leur désarroi. Ou plutôt leur exaspération. « On est en train de faire crever le monde de l'artisanat », déplorent-ils d'une seule et même voix.



La sensation d'être des vaches à lait



RSI. Leur colère tient en un sigle de trois lettres. Celles du Régime social des indépendants, auquel ils sont soumis depuis 2008. « C'est la sécurité sociale de nos entreprises et de nos commerces. Il regroupe toutes nos cotisations », résument-ils. Avant de tirer à boulets rouges sur ce « Racket Sans Interruption », comme ils l'ont rebaptisé. Un système administratif jugé, à la fois, « méprisant, opaque, désorganisé, incompréhensible, hautain, écrasant ». « On a un montant à payer, un point, c'est tout. On nous demande des sommes abracadabrantesques sans explication, suivant un mode de calcul qu'on ne comprend pas. C'est un vrai capharnaüm. Et ça ne fait qu'empirer », soupirent tous ces « besogneux », qui ont la sensation d'être des vaches à lait. « Comme on ne dit rien, qu'on n'arrive pas à se fédérer comme les agriculteurs, les routiers ou les fonctionnaires, l'administration sait qu'elle peut continuer à pomper le fruit de notre labeur ».



« Beaucoup de suicides »



Au-delà de ce RSI sur lequel se focalisent tous leurs maux, on sent un mal-être profond. Et le besoin de se confier. « On est écrasé par les charges. Et, en période de crise, forcément, c'est plus tendu. Vu la conjoncture, on n'a plus les reins assez solides. Si on n'a pas anticipé, si on n'a pas de trésorerie, on peut vite se retrouver étranglé », relatent tous ces « petits », en expliquant que le sujet n'est plus tabou. « Aujourd'hui, on ose en parler. On sait qu'il y a des drames humains, qu'il y a beaucoup de suicides chez les indépendants ». Le suicide. C'est ce qui a inspiré plusieurs commerçants du sud de la France à lancer un mouvement baptisé « Les Pendus ». Parti de Carcassonne, il s'est répandu comme une traînée de poudre. « Quand on a vu comment ils s'organisaient, on s'est dit qu'il fallait qu'on se bouge, nous aussi », raconte Karine Carris, la gérante de l'Eden café. En appelant à se mobiliser en masse, le 12 janvier, à Paris, pour la manifestation nationale des indépendants. Car, concluent les Morlaisiens, « s'il n'y a plus de patrons, il n'y aura plus de salariés ».

Pratique Manifestation des indépendants, lundi 12 janvier, à 14 h, à Paris. Départ en car à 6 h du parking de Géant, à Saint-Martin. Retour à 1 h. 50 EUR le voyage. Renseignements et inscriptions à l'Eden café, tél. 02.98.88.05.81.

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