POLITIQUE - Comment va s'appeler le parti que Nicolas Sarkozy veut créer à la place de l'UMP? Voilà une question qui va rythmer les prochaines semaines, l'ancien chef de l'Etat souhaitant aller vite sur ce dossier. Avec son équipe resserrée (Brice Hortefeux, Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez notamment), il réfléchit à plusieurs options pour baptiser le nouveau mouvement.
A en croire Le Monde daté du 30 décembre, "Le Rassemblement" tient la corde. Déjà évoquée il y a plusieurs semaines, l'expression a le mérite de la clarté. Et elle colle avec la volonté de Nicolas Sarkozy, résumée par la porte-parole de l'UMP. "Le nouveau président n'aime pas les acronymes. Ce nom devra être un symbole du message que nous voulons faire passer aux Français et la preuve que le parti a évolué", estime Isabelle Le Callenec.
Le tacle de Jean-Pierre Raffarin
Problème, ce mot ne fera pas l'unanimité, c'est une certitude. Pendant la campagne pour la présidence, Bruno Le Maire s'était opposé au principe même d'un changement de nom. Et voilà que ce mardi 30 décembre, Jean-Pierre Raffarin fait entendre sa voix discordante au sujet du nouveau nom.
L'ancien premier ministre, membre fondateur de l'UMP a posté un message sur Twitter pour dire tout le mal qu'il pense d'une telle idée. Tout en subtilité, le sénateur explique qu'il aimerait mieux garder le mot "union".
Par ailleurs, comme le HuffPost l'a mis en évidence, le mot "rassemblement" est celui qui est le plus utilisé par la droite pour le nom de ses partis successifs. En le choisissant, Nicolas Sarkozy aurait alors du mal à faire croire à une réelle nouveauté.
D'autant que le nouveau président de l'UMP n'est pas le premier à avoir cette idée. Slate a relevé que Philippe Séguin avait eu la même à la fin de l'année 1997. Six mois après l'échec de la dissolution, le RPR se cherchait un second souffle et son nouveau président avait tenté d'imposer ce mot pour tourner la page de cette maudite année 1997. Mais finalement, les militants en avaient décidé autrement, préférant garder le nom cher à Jacques Chirac.
De Morano à Estrosi en passant par Lepage et le Pen
En 2014 aussi le mot Rassemblement a la cote: il y a les micro-partis de droite qui l'empruntent comme celui de Nadine Morano (Rassemblement pour le peuple de France) ou d'autres formations, ailleurs sur l’échiquier politique. Ainsi Corinne Lepage a appelé son mouvement Rassemblement citoyen. Il y a aussi le Rassemblement pour l'indépendance et la souveraineté de la France (un mouvement souverainiste de la droite de la droite) dont les dirigeants ont eu la bonne idée de préempter l'adresse mail le-rassemblement.org.
Mais le premier nom qui vient à l'esprit est le Rassemblement bleu marine créé par Marine Le Pen pour attirer vers elle les militants rebutés par le passé du Front national. De quoi entretenir la confusion alors que Nicolas Sarkozy est régulièrement accusé de droitiser son discours pour courir derrière le FN.
"Le Rassemblement", c'est aussi et surtout le nom du parti (affilié à l'UMP) avec lequel Christian Estrosi compte se présenter à la primaire de droite pour 2017. "Non, les idées du gaullisme n’ont rien de dépassé ! Oui, ensemble, nous pouvons bâtir un projet gaulliste novateur. Fort de ces valeurs et des expériences des parlementaires, maires et élus locaux adhérents au Rassemblement, parti affilié à l’UMP, nous souhaitons proposer aux Français une voie nouvelle. C’est pourquoi, je suis candidat aux primaires de la droite et du centre pour concourir à l’élection présidentielle de 2017", écrit le député et maire de Nice.
Pendant les départementales, le retour du célèbre R-UMP
Enfin, et c'est sans doute le plus cocasse, si Nicolas Sarkozy choisit de changer le nom avant les départementales de mars, il va tout de même devoir conserver le nom UMP pendant la campagne. Il semble en effet très difficile pour ses candidats de se présenter avec la seule étiquette du nouveau parti qui ne serait pas encore bien installé dans l'opinion.
En clair, il faudrait alors accoler les deux noms, ce qui donnerait Rassemblement-UMP. Cela vous dit quelque chose? Normal, ce parti R-UMP a déjà existé. C'est le nom qu'avait choisi François Fillon pour son groupe parlementaire dissident au plus fort de la crise avec Jean-François Copé à la fin 2012.
Tourner la page de l'UMP en rappelant son heure la plus sombre n'est sans doute pas le meilleur signal que pourrait donner Nicolas Sarkozy. In fine, ce sont les militants qui pourraient être amenés à choisir ce nouveau nom.