Détentrice du record de longévité au pouvoir en europe, reconduite comme chef de son parti pour la huitième fois d’affilée et créditée d’une popularité de 67%, Angela Merkel a fait la leçon à Paris. Le 7 décembre, dans Die Welt, elle a estimé que les réformes engagées par la France étaient «insuffisantes» et que des mesures complémentaires sont «justifiées». Une façon d’amplifier l’impatience grandissante à Berlin. La chancelière chrétienne-démocrate est parfaitement consciente du décalage franco-allemand dont témoignent les courbes ci-dessous. L’écart est impressionnant entre l’effet des mesures prises en Allemagne, celle-ci se serrant la ceinture depuis dix ans pour regagner de la compétitivité, et l’indolence hexagonale. Mais qui est vraiment prêt, en France, à toucher aux dépenses sociales?
Leçon n° 1: Augmentation
En France, la crise économique de 2008 a fait passer le chômage de 8 à 10,4% de la population active, et gonflé l’airbag des prestations sociales. La croissance a été moins touchée que dans les pays voisins. Mais le modèle craque et personne ne veut y toucher. The Economist l’a ainsi qualifiée de «Pays le plus frivole de l’Occident».
Leçon n° 2: Réduction
Après les années de médecine rigoureuse du Doktor Hartz, l’Allemagne a regagné en compétitivité, et renoué avec la croissance et le plein-emploi. Depuis 2005, le chômage a été divisé par deux, et les caisses publiques sont remplies. En 2015, son budget sera à l’équilibre. Et sa population active n’a jamais été aussi nombreuse (41 millions).
Leçon n° 3: Adhésion
En dépit des critiques sur les emplois précaires, le modèle social allemand fait consensus. En 2005, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates ont même inscrit dans leur contrat de gouvernement la préférence pour le travail: mieux vaut un contrat mal payé que de bénéficier de prestations chômage.
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