L'univers professionnel du vin dans le Beaujolais a connu, mardi 30 décembre, une étape importante dans le très probable divorce qui se profile entre viticulteurs des appellations les plus prestigieuses et les producteurs de beaujolais et beaujolais-villages.
Réuni à Villefranche-sur-Saône, le conseil d'administration de l'Union des vignerons du Beaujolais (UVB) – qui réunit les viticulteurs de toutes les appellations – a acté le départ de l'Organisme de défense et de gestion (ODG) « des crus du Beaujolais ». L'ODG rassemble les dix crus du Beaujolais, le fleuron de la production locale (brouilly, chénas, chiroubles, côte-de-brouilly, fleurie, juliénas, morgon, moulin-à-vent, régnié et saint-amour).
« BESOIN D'UN OUTIL MODERNE POUR AVANCER »
Dans un communiqué diffusé le 22 décembre dans l'hebdomadaire local Le Patriote, la patronne de l'ODG, Audrey Charton, avait indiqué la volonté « de reprendre l'entière gestion administrative et financière de notre organisme ». Ciblant l'UVB, elle avait ajouté que « les instances issues du passé, lourdes et souvent opaques, ne permettaient plus aux crus de mener à bien tous les importants dossiers en cours ou à venir ».
Dans la foulée, la constitution d'une nouvelle Union des crus du Beaujolais (UCB), un groupe d'appellations « cohérent, ambitieux, doté d'une image claire et authentique » a été envisagée. « Nous avons besoin d'un outil moderne pour avancer efficacement », a déclaré Mme Charton.
« C'est la diversité dans l'unité [...]. Il est totalement faux de parler de divorce », a ajouté la viticultrice, qui entend faire avancer des dossiers propres aux crus du Beaujolais comme la « valorisation du terroir » ou la reconnaissance de leurs « climats ».
RISQUES DE DÉSORGANISATION DE LA PROFESSION ?
L'UVB et l'ODG se sont donné mardi trois mois « ou un peu plus » pour fixer les modalités de cette décision, qui hérisse les autres acteurs du vignoble qui produisent en AOC beaujolais et beaujolais-villages et dont le vin primeur, le fameux beaujolais nouveau, a acquis une notoriété mondiale.
« Je ne comprends pas leur départ », a déclaré le secrétaire général de l'UVB, Denis Chilliet, qui a fait part de sa « déception » et d'« un sentiment de gâchis ». « Depuis des années, nous avons fait en sorte que les crus puissent être la locomotive du Beaujolais. Il semble que la locomotive soit partie avec le charbon et a décroché les wagons », s'est ému M. Chilliet, qui met en garde contre les risques de désorganisation de la profession.
Première conséquence de cette déclaration d'autonomie, le conseil d'administration de l'UVB a annulé le Concours des grands vins du Beaujolais qui devait avoir lieu début janvier.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu