Deux semaines après l'annonce historique d'une normalisation à venir des relations entre les Etats-Unis et Cuba, les forces de l'ordre du régime castriste ont arrêté ou assigné à résidence plusieurs dissidents mardi 30 décembre, pour empêcher une manifestation non autorisée. Il s'agit du premier coup porté aux dissidents par les autorités cubaines depuis l'annonce, le 17 décembre, d'un rapprochement avec les Etats-Unis.
L'artiste cubaine Tania Bruguera souhaitait organiser une performance artistique sur la place de la Révolution de La Havane, près du siège du gouvernement, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires. Ce lieu est hautement symbolique à Cuba puisqu'il a accueilli les discours fleuves de Fidel Castro. Elle envisageait d'installer une tribune libre sur laquelle des Cubains pourraient s'exprimer pendant une minute sur « des thèmes qui les préoccupent ». Mais en amont de la manifestation une douzaine de dissidents et journalistes indépendants ont été interpellés ou assignés à domicile.
La blogueuse Yoani Sanchez a annoncé sur Internet qu'elle était bloquée à son domicile par des agents et que son époux, Reinaldo Escobar, avait été interpellé en bas de leur immeuble en compagnie du dissident Eliecer Avila. Elle a également révélé que l'artiste Tania Bruguera avait été arrêtée.
WASHINGTON « PROFONDÉMENT PRÉOCCUPÉ »
Ces interpellations « d'activistes pacifiques de la société civile » ont fait réagir Washington. Dans un communiqué, le département d'Etat américain s'est déclaré « profondément préoccupé » par ces arrestations, et le sénateur républicain d'origine cubaine Marc Rubio – adversaire affirmé de la normalisation des liens avec La Havane – a vu dans « ce nouvel acte de répression du régime Castro contre les dissidents cubains » la preuve du ridicule de « la nouvelle politique cubaine du président Obama ».
Une vingtaine de dissidents, dont certains avaient été interpellés le 10 décembre avant une manifestation pour la Journée des droits de l'homme, ont tout de même pu accéder au lieu de rendez-vous, place de la Révolution, étroitement surveillés par de nombreux policiers.
Cette place, qui abrite le siège du gouvernement, celui du Comité central du Parti communiste et le ministère des forces armées, est le théâtre traditionnel des manifestations organisées par les autorités. Tout autre type de rassemblement y est proscrit. Aucune opposition légale n'est autorisée à Cuba, où les dissidents interpellés sont généralement relâchés au bout de quelques heures.
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