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Braver l’interdiction de conduire, un acte terroriste - Arabie Saoudite

 Lujain Al-Hathlol et Maysaa Al-Amodi.
Lujain Al-Hathlol et Maysaa Al-Amodi. © Instagram/Facebook
Clarence Rodriguez en Arabie Saoudite , Mis à jour le

Loujain Hathloul et Maysaa Alamoudi, les deux Saoudiennes qui ont défié le droit de conduire le 1er décembre, devaient recouvrer la Liberté, vendredi 26 décembre, mais les juges du tribunal d'Al-Ahsa (province Est du Royaume) en ont décidé autrement jeudi dernier. Les deux militantes ont été renvoyées  devant un tribunal spécialisé dans les affaires de "terrorisme".

Naître ou n'être que «fille» en Arabie Saoudite est déjà suspect ! Loujain Hathloul et Maysaa Alamoudi, les deux Saoudiennes qui ont défié le droit de conduire le 1er décembre devaient recouvrer la Liberté, vendredi 26 décembre,* mais leurs juges du tribunal d'Al-Ahsa (province Est du Royaume) en ont décidé autrement jeudi dernier. Les deux militantes ont été renvoyées devant un tribunal spécialisé dans les affaires de «terrorisme».

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Selon des activistes présents ce jour-là, les investigations semblent se concentrer autour de leurs activités sur les réseaux sociaux, plutôt qu'autour de leurs revendications pour le droit de conduire en Arabie Saoudite . Loujain est en effet suivie par plus de 228 000 personnes sur Twitter. Maysaa Alamoudi est suivie par 131 000 personnes. Une loi antiterroriste** mise en application depuis février dernier, permet désormais aux autorités de poursuivre les actes de dissidence pacifique comme des crimes terroristes...Selon les associations des Droits de l'Homme, en particulier Amnesty International, cette loi vise «à étouffer toute menace de contestation y compris pacifique. Cette loi est si vague qu'elle se prête à une large interprétation et à des abus...»

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Les militantes au droit de conduire ont peur

Loujain Hathloul souriante alors qu'elle se filme au volant de sa voiture, des images partagées sur les réseaux sociaux qui l'ont conduite en prison.
Loujain Hathloul souriante alors qu'elle se filme au volant de sa voiture, des images partagées sur les réseaux sociaux qui l'ont conduite en prison. © DR

Trois jours après cette décision surprenante, je me suis entretenue au téléphone avec l'une des militantes au droit de conduire. Faouzia a tenu à ne pas divulguer son vrai nom. Peur des représailles. Elle est terrorisée par ce qui arrive à Loujain et Maysaa. «Ces deux jeunes femmes sont traitées comme des terroristes alors qu'elles n'ont commis aucun crime. Elles sont en prison pour rien». «J'ai peur me dit-elle, de passer dix ans de ma vie derrière les barreaux alors que je suis mère de trois enfants» et d’implorer : «Quand serons-nous enfin considérées comme de vraies femmes ? ». Cette Saoudienne, militante, très active dans les médias, se résigne «la mort dans l'âme» à moins intervenir dans les réseaux sociaux, à moins s'exposer, à moins se mettre en danger. C’est de cela dont il est actuellement question pour Faouzia et ses «sœurs» en survie. A priori, les autorités sont en train de parvenir à leurs fins. Museler, faire taire ces Saoudiennes qui réclament le droit de conduire et d'autres droits... (droit de se débarrasser du tutorat, droit de divorcer, droit de succession…) La conduite des femmes dans le Royaume a toujours été un sujet politiquement sensible qui divise la population, entre les «progressistes» et les conservateurs. Doit-on rappeler que l’Arabie Saoudite, premier pays exportateur de pétrole au monde, membre du G20…est le seul pays au monde à interdire la conduite aux femmes.

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La politique des petits pas

Ce combat pour le droit de conduire ne doit pas pour autant occulter les autres droits… Depuis trois ans, de plus en plus de femmes travaillent, sortent petit à petit de chez elles. Elles sont caissières, avocates, vendeuses, ingénieurs, chef de chantier, directrice de marketing… bref, elles ont obtenu le droit de travailler grâce, surtout, à leur pugnacité, à leurs compétences. La route pour l’obtention du droit de conduire est manifestement plus longue, plus sinueuse. Pour des raisons économiques, les plus optimistes des saoudiens espèrent que les femmes devraient passer « la première » très prochainement. Mais quand, précisément ? La réponse reste « au point mort ».

Suivre @CLARENCEARABIE. Elle est l'auteur de « Révolution sous le voile » Ed. First.

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*article du 24 décembre ParisMatch« Les combattantes du droit au volant »
** loi antiterroriste en vigueur depuis février 2014 / https://bit.ly/1xY2FgP

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