“Faites-moi belle” : un jeu de Photoshop à travers le monde

Une jeune Américaine a demandé à des graphistes du monde entier de retravailler sa photo pour la rendre “belle”. Les critères de beauté ne sont pas toujours ceux que l’on croit...

Par Luc Desbenoit

Publié le 02 janvier 2015 à 11h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h25

La journaliste américaine Esther Honig, 24 ans, a adressé son autoportrait à une quarantaine de graphistes de vingt-cinq pays, accompagné de la demande suivante : « J'aimerais que vous amélioriez cette image en utilisant tous les effets que vous jugerez nécessaires sur Photoshop. Faites-moi belle. » Faute de moyens, la jeune femme n'a pas fait appel à des retoucheurs professionnels, mais à des amateurs, qui proposent leur service sur le site Fiverr.

Trente-neuf portraits ont été ­ainsi réalisés à partir de son image, qu'elle a cherché à rendre la plus neutre possible pour laisser libre cours à la créativité des « photoshopeurs » : sans maquillage, cheveux tirés en ­arrière pour dégager le visage, épaules nues. Le rendu des ­copies de « Before and after » est souvent étonnant.

Car on réalise que les critères de beauté n'ont souvent rien à voir avec ce que l'on pouvait attendre. A l'exception de l'Inde – où sourcils épais et couleur de peau pain d'épice la rendraient presque anonyme dans une foule à Bombay – et du Maroc – son visage a été dissimulé par le hijab, désormais à la mode dans ce pays –, la nationalité des internautes s'avère difficilement identifiable.

Ainsi, au Pakistan, pays à l'islam radical, Esther Honig reste le buste nu. En Grèce, tout se joue sur le maquillage : rouge à lèvres, pommettes fardées et paupières bleues comme au Kenya. Au Chili, la jeune femme est parée d'un collier de perles, de boucles d'oreilles et d'une épingle dans le chignon.

En Indonésie et en Allemagne, la peau est blanchie, d'un blanc irréel. Considérant sans doute qu'elle était pas mal du tout au naturel, le retoucheur des Philippines s'est contenté de la vêtir d'une veste noire et d'un chemisier à large col d'une couleur rose reprise en fond d'image.

Mais c'est dans son propre pays, aux Etats-Unis, que l'on a eu la main lourde sur les effets. Un compatriote lui a arrondi le visage. Coiffée de cheveux blonds, avec un regard vert émeraude, d'une tonalité introuvable chez un être vivant. Un autre a opéré à l'inverse, en lui allongeant le visage, yeux bleus en amande et longue chevelure. Dans ces deux cas, la jeune femme est proprement méconnaissable.

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