Cimetière refusé à un bébé rom : «Pourquoi les pompes funèbres auraient menti ?»
ROMS•Loïc Gandais, président d’une association essonnienne d’aide aux familles roms, ne croit pas au revirement de Christian Leclerc, maire de Champlan, qui nie ce dimanche midi avoir refusé le cimetière municipal au nourrisson rom…Fabrice Pouliquen
«Mayonnaise montée de toute pièce»? «Erreur de compréhension dans la chaîne de décision»? Ce dimanche après-midi, Christian Leclerc, maire divers droite de Champlan dans l’Essonne, nie s’être opposé à l’inhumation d’un bébé rom dans le cimetière de sa commune. L’affaire fait polémique depuis plusieurs jours, suscitant l’émoi d’élus politiques et, ce dimanche matin sur France Inter, de Jacques Toubon, le Défenseur des droits, avant des réactions sur twitter de Manuel Valls ou Nathalie Kosciusko-Morizet.
« Refuser la sépulture à un enfant en raison de son origine : une injure à sa mémoire, une injure à ce qu'est la France. #Champlan #Essonne — Manuel Valls (@manuelvalls) January 4, 2015 »
« Refus d'inhumer un nourrisson injustifiable : c'est aux antipodes des valeurs humanistes. #Champlan — N. Kosciusko-Morizet (@nk_m) January 4, 2015 »
«Abasourdi par ce revirement de position»
«Je suis abasourdi par ce revirement de position, déplore Loïc Gandais, président de l’Asefrr (Association de solidarité en Essonne avec les familles roumaines et roms). Bien sûr que la mairie de Champlan a refusé cette inhumation obligeant les parents de Maria Francesca d’enterrer leur fille à Wissous, ce lundi, à 7 km de là.»
Le président de l’association en veut pour preuve les propos confiés à l’AFP par Julien Guenzi, gérant d’une entreprise de pompes funèbres de Corbeil. Sollicité par les parents de Maria Francesca pour demander auprès de la mairie de Champlan l’autorisation d’inhumer le nourrisson au cimetière municipal, il dit s’être confronté au refus du maire qui n’a donné aucune explication. «Julien Guenzi nous a faits lui-même part de cette décision, précise Loïc Gandais. Pourquoi aurait-il menti? Et pourquoi un article du Parisien rapporte des propos de Christian Leclerc dans lequel il explique son refus d’inhumer Maria Francesca par un manque de places et par le souci d’accorder la priorité à ceux qui paient des impôts locaux.»
Déjà une première affaire de tuberculose?
Asefrr rappelle alors que le maire de Champlan n’est pas à sa première réaction démesurée à l’encontre de la communauté rom vivant sur sa commune. En novembre, un des 14 enfants roms scolarisés dans les écoles de la commune avait été déclaré porteur du bacille de la tuberculose. «Mais il n’avait pas déclaré la maladie, n’était pas contagieux, et avait tout de suite été suivi par l’hôpital de Corbeil, explique Loïc Gandais. Malgré tout, le maire avait émis un avis à la population, dans lequel il exagérait la proportion des événements pour stigmatiser un peu plus encore la communauté rom. » Au Parisien, le maire de Champlan regrettait aussi la lenteur de la procédure d’expulsion en cours de la communauté rom de sa commune. «Elle a été repoussée à trois reprises par le procureur de la République», constatait-il.
130 Roms seraient installés à Champlan, ce qui constituerait la communauté la plus importante d’Essonne. Les parents de Maria Francesca habitent dans un bidonville à proximité des pistes de l’aéroport d’Orly. Leur fille sera enterrée ce lundi à Wissous, à quelques kilomètre de Champlan.