Attentat contre "Charlie Hebdo" : la rédaction décimée

Le siège du journal a été la cible d'un attentat. Charb, Cabu, Wolinski et Tignous figurent, ainsi que le journaliste Bernard Maris, parmi les tués.

Le Point.fr

Les dessinateurs (de gauche à droite) Cabu (76 ans), Charb (47 ans), Tignous (57 ans) et Wolinski (80 ans), tous décédés dans la fusillade de
Les dessinateurs (de gauche à droite) Cabu (76 ans), Charb (47 ans), Tignous (57 ans) et Wolinski (80 ans), tous décédés dans la fusillade de "Charlie Hebdo". © DR

Temps de lecture : 4 min

La fusillade à Charlie Hebdo a fait 12 morts, dont 2 policiers, et 8 blessés, dont 4 "en situation d'urgence absolue". Elle a été commise, selon la précision du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, par "trois criminels". Le journaliste et dessinateur Charb, directeur de la publication, ainsi que les dessinateurs Cabu, Wolinski et Tignous ont été tués. Le journaliste Bernard Maris, qui avait été un des fondateurs de l'hebdomadaire, est lui aussi décédé. Le grand reporter de Libération Philippe Lançon, qui y collaborait, serait blessé au visage, mais son pronostic vital n'est pas engagé.

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>> Lire également Charb, Cabu, Tignous et Wolinski tués

Le journal a été touché le jour de sa conférence de rédaction hebdomadaire, qui réunit chaque mercredi matin l'ensemble des journalistes. Selon le porte-parole du syndicat UNSA Police Christophe Crépin, qui s'est exprimé encore sous le choc, l'attentat contre Charlie Hebdo est avant tout un assassinat de sang-froid. Les agresseurs, a-t-il indiqué, "ont d'abord tué un policier du service de protection des personnalités, abattu d'un coup de fusil automatique". Ce dernier, prénommé Franck, était affecté à la protection de Charb. Le second policier assassiné, rattaché au commissariat du 11e arrondissement, aurait été cueilli par les agresseurs alors qu'ils sortaient du bâtiment, au moment où il patrouillait à VTT. Âgé de 42 ans, il s'appelait Ahmed.

"On a vengé le Prophète"

Les agresseurs se seraient d'abord trompés d'immeuble et seraient entrés à la mauvaise adresse. Puis, vers 11 h 30, les hommes armés d'une kalachnikov et d'un lance-roquettes ont fait irruption au siège de Charlie Hebdo. Le commando aurait commencé à tirer dans le hall, puis serait monté dans les étages. Une trentaine de coups de feu auraient été tirés. Jointe par téléphone par le journal L'Humanité, alors qu'elle était encore sur les lieux de la fusillade, en état de choc, la dessinatrice Corinne Rey dite "Coco" témoigne : "J'étais allée chercher ma fille à la garderie, en arrivant devant la porte de l'immeuble du journal, deux hommes cagoulés et armés nous ont brutalement menacées. Ils voulaient entrer, monter. J'ai tapé le code. Ils ont tiré sur Wolinski, Cabu... Ça a duré cinq minutes... Je m'étais réfugiée sous un bureau... Ils parlaient parfaitement le français... Se revendiquaient d'al-Qaïda."

>> Lire également "Des corps qui sont à terre, des mares de sang, des blessés très graves"

Une vidéo montre deux hommes quittant le journal en criant : "On a vengé le Prophète, on a tué Charlie Hebdo." Une autre laisse clairement entendre le cri "Allah Akbar". Depuis février 2006 et la première affaire des caricatures de Mahomet, le journal satirique était régulièrement la cible de menaces et avaient fait, à plusieurs reprises, l'objet d'une protection policière.

Enquête

La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la section antiterroriste (SAT) de la préfecture de Paris recherchent activement les auteurs de l'attentat en Seine-Saint-Denis. Les policiers auraient perdu leur trace porte de Pantin, à la sortie de Paris, où dans leur fuite ils auraient percuté un piéton. Les hommes armés, après avoir quitté le siège du journal en voiture, auraient changé de véhicule non loin de là, place du Colonel-Fabien, dans le 10e arrondissement. Un appel à témoins a été lancé par la police judiciaire et un numéro vert a été activé : 08.05.02.17.17.


>> EN IMAGES Charlie Hebdo, une attaque à l'arme de guerre

Le président de la République François Hollande, qui s'est rapidement rendu sur place de même que le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, a évoqué un "attentat terroriste". "Nous punirons les agresseurs", a déclaré le chef de l'État. Matignon a annoncé le relèvement du plan Vigipirate au niveau "alerte attentats", le niveau le plus élevé, dans toute l'Ile-de-France. Organes de presse, grands magasins, lieux de culte et transports ont été placés sous "protection renforcée". Les sorties scolaires à Paris et les activités en dehors des établissements sont suspendues jusqu'à nouvel ordre, a indiqué mercredi le rectorat. Le Premier ministre Manuel Valls a "activé" mercredi en début d'après-midi la cellule interministérielle de crise du gouvernement.

>> Lire aussi Les réactions politiques à l'attentat

De nombreux chefs d'État étrangers, ainsi que des responsables religieux, ont manifesté dans l'après-midi leur soutien à Paris. Cet attentat est le plus meurtrier commis en France depuis l'attentat perpétré à l'aéroport d'Orly en 1978. Peu après la fusillade sanglante, le hashtag #Jesuischarlie est apparu sur Twitter en signe de solidarité.

Les 4 dessinateurs de "Charlie Hebdo" tués ©  Idé
Les 4 dessinateurs de "Charlie Hebdo" tués © Idé



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Commentaires (644)

  • sylvainniert

    Un immense choc, grande tristesse. Les défenseurs des animaux sont eux aussi sous le choc car ils avaient des amis dans l’Equipe de Charlie hebdo, rare média à défendre la cause animale dans ses colonnes. Nous sommes bouleversés car Charlie hebdo soutenait la cause animale depuis des années. Nous avions croisé Cabu dans des manifestations contre la cruauté animale, applaudi aux dessins de Charb et de Tignous contre la tauromachie, la vivisection, le gavage des oies, la chasse... C’était des hommes pacifiques, des humanistes de coeur, de talent et de courage. Nous pensons très fort à leur famille, proches et collègues, (sans oublier aussi les blessés avec parmi eux le journaliste Fabrice Nicolino, écologiste reconnu et grand pourfendeur des élevages inudustriels. ) La cause animale a perdu de grands défenseurs dans cet effroyable attentat et, à ce sujet, je viens de consulter le site de la Fondation 30 Millions d’amis et de celui d’Actuanimaux qui viennent de leur rendre un hommage très émouvant.

  • logique 3

    Très bien Villettois de rappeler que si la "religion", les "prophètes" prônaient l'amour de son prochain, ce message a largement été manipulé par des "individus" sans scrupules se réclamant de cette parole au point d'en voir au fil des siècles et actuellement des errements aussi monstrueux. Pour l''Islam son "prophète" est arrivé quelques siècles après celui du christianisme. Faut il y voir là une erreur de jeunesse qui a conduit aux monstruosités actuelles comme celles du christianisme quelques siècles avant ? Les dits prophètes étaient des types très bien, regardez leur vie réelle, la suite n'a plus rien à voir dans les deux religions, désolés mais de larges progrès sont attendus au siècle des lumières, de la pensée libre et du numérique mondialisé immédiat et sans limites... Les règles changent, à eux d'en tenir compte ou de périr.

  • Constance B

    Les munitions des jdiadistes sont des discours convainquants et des doctrines troublantes offertes aux esprits de nos enfants désillusionnés. Ils se servent des faiblesses de notre système politique et social, disons-le, souvent corrompu pour clamer l'intégrité de leurs convictions. Leur plus grande victoire c'est celle qu'il remporte sur l'esprit de nos enfants. En érigeants nos enfants en défenseur de la "justice divine" ils leur enseignent à manier leurs armes et font ainsi croître leur pouvoir.

    Leur approche est insidieuse et influente et il faut mieux la connaître pour la combattre. Un mode de pensée qu'il faut expliquer publiquement, pour désamorcer les motifs qui poussent à la haine et ouvertement y opposer des raisonnements honnêtes et éclairés, une véritable volonté d'intégrité. Certains de nos enfants ont les yeux voilés par la désillusion, comment regagnerons-nous leur confiance ? Voici la vrai question.