Attentat à Charlie Hebdo : à droite, l'unité nationale... et aussi des questions

Si l'esprit de rassemblement dominait dans un premier temps à droite comme à gauche, toute polémique sur le thème de la sécurité n'était cependant pas écartée.

Paris, hier. Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, a décidé de faire une intervention solennelle après l’attentat à « Charlie Hebdo ».
Paris, hier. Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, a décidé de faire une intervention solennelle après l’attentat à « Charlie Hebdo ». (AFP/Eric Feferberg.)

    Mercredi après-midi, transcendant les rivalités politiques face à la tragédie, Manuel Valls a appelé Nicolas Sarkozy pour lui proposer de s'associer avec l'UMP, en tant que chef de l'opposition, à une manifestation qui pourrait avoir lieu samedi, au nom de « l'unité nationale ». Deux mots qui sont revenus dans la bouche de tous les élus de tous bords. Prêt à y participer en personne, Nicolas Sarkozy a donné son accord, sous réserve que cette mobilisation se déroule dans « le recueillement, la dignité et la fermet?. En clair, pas dans un cadre politicien. L'ancien président a également eu au téléphone Philippe Val, l'ex-patron de « Charlie Hebdo », qu'il connaît bien. En 2007, alors qu'il était encore ministre de l'Intérieur et des Cultes, Sarkozy avait défendu la publication par l'hebdomadaire satirique des dessins du prophète Mahomet. « Je préfère l'excès de caricature à l'absence de caricature », avait-il soutenu.

    Très vite après le drame, le chef de l'UMP a décidé de faire une intervention solennelle, en veillant toutefois à ne pas court-circuiter François Hollande. Tenu informé de l'évolution de l'enquête notamment par son dircab Frédéric Péchenard, ex-patron de la police nationale, il tenait à avoir la certitude avant de s'exprimer qu'il s'agissait bien d'un acte de « barbarie terroriste », selon ses mots. Et c'est à « l'impératif d'unité nationale » qu'a appelé Sarkozy, exhortant les Français à « refuser la tentation de l'amalgame » entre islam et terrorisme. Un message relayé par Jean-François Copé, qui est sorti de son silence pour appeler « à tout prix à éviter la tentation de la division et de la stigmatisation de nos compatriotes de confession musulmane ».

    « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre»

    « Pas d'amalgame ! » a aussi insisté Jean-Louis Borloo, qui a encore en tête les dérapages islamophobes qui avaient suivi les attentats du 11 Septembre.Si l'heure est au deuil et au rassemblement, des voix s'élèvent pourtant à droite pour presser l'exécutif de faire preuve d'une fermeté sans précédent. « Notre démocratie est attaquée. Nous devons la défendre sans faiblesse », a plaidé Sarkozy, qui veut des « mesures fortes ». « L'affrontement sera sans merci, de longue haleine, mais nous le gagnerons ! » a lancé Alain Juppé, martial. Tandis que François Fillon appelait à une « détermination implacable ». Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, lui, réclame carrément le retour des contrôles aux frontières, sans même attendre la conclusion de l'enquête...

    Déjà, à droite, on soulève des questions qui fâchent. Rapporteur de la loi antiterroriste votée cet automne, Guillaume Larrivé (UMP) déplore que les décrets d'application ne soient pas encore tous publiés. Membre de la Droite populaire, Thierry Mariani préconise un très net renforcement de l'arsenal législatif face à ce qu'il appelle une « guerre civilisationnelle ». « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre. On a dénoncé le Patriot Act (NDLR : signé par George W. Bush et accusé d'avoir porté atteinte aux libertés individuelles au nom de la lutte antiterroriste), mais, depuis, ils n'ont pas eu d'attentat à part Boston », constate l'ex-ministre, qui juge que « les dangers sont devant nous ».

    Président de la commission d'enquête parlementaire sur les filières jihadistes, l'UMP Eric Ciotti évoque pour sa part le cas des combattants revenant sur le territoire après un passage en Syrie ou en Irak (ce qui semble être le cas des assaillants de « Charlie Hebdo »). Il préconise la création de « centres de rétention fermés » et la déchéance de nationalité, qui reviendrait dans certains cas à faire illégalement des apatrides. A l'UMP, on s'inquiète en effet d'une flambée du FN dans les urnes après le drame. Un élu, anonyme, lâche : « Tout ça va mettre du carburant dans la cheminée... »

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