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Montrouge : le suspect serait lié à la prise d'otages à Porte de Vincennes

Prises d'otages à Paris et Dammartin-en-Goëledossier
L'auteur présumé des tirs ayant tué une policière jeudi à Montrouge a été identifié et serait impliqué dans une prise d'otages en cours dans une supérette casher, porte de Vincennes à Paris.
par Patricia Tourancheau et Cécile Bourgneuf
publié le 8 janvier 2015 à 18h48
(mis à jour le 9 janvier 2015 à 14h37)

Où en est l'enquête ?

Selon une source policière, Amedy Coulibaly, 32 ans, est le suspect numéro un dans la fusillade de Montrouge. Il serait impliqué dans une prise d’otages en cours dans une supérette casher, porte de Vincennes à Paris. La police a diffusé un appel à témoin :

Ces personnes «susceptibles d'être armées et dangereuses», sont Amedy Coulibaly, 32 ans, et sa petite amie Hayat Boumeddiene, 26 ans.

Selon deux sources proches de l'enquête, le suspect numéro un du meurtre de la policière municipale à Montrouge, qui a été identifié, «appartenait à la même filière islamiste dite des Buttes Chaumont et connaissait les frères Kouachi». Selon une source policière, Amedy Coulibaly est le suspect numéro un dans la fusillade de Montrouge. Recherché, le fugitif n'a pas été arrêté, mais deux de ses proches ont été interpellés ce matin très tôt à Grigny (Essonne). Le parquet antiterroriste a ouvert un dossier pour les chefs «d'assassinat et tentatives, en relation avec une entreprise terroriste» en raison «du contexte actuel, de l'armement lourd de l'auteur des faits, et du caractère délibéré d'un acte visant les forces de l'ordre».

Alors qu'au départ, aucun lien n'était établi avec la tuerie à Charlie Hebdo, la police judiciaire parisienne, qui enquête en flagrance sous l'autorité du parquet, a désormais tendance «à rapprocher les deux affaires». Toutefois, une source policière nous appelle à «la prudence» sur cette «connexion» entre cet homme et les frères Kouachi : «Il s'agit d'un élément intéressant sur le profil de cet individu de la même mouvance que les frères Kouachi mais rien n'indique que leurs actions sont concertées».

Amedy Coulibaly a été condamné à cinq de prison en décembre 2013 pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation de l'évasion avec armes» de la centrale pénitentiaire de Clairvaux de Smaïn Aït Ali Belkacem, l'artificier des attentats du Groupe islamique armé (GIA) à Paris en 1995. Il avait été interpellé en 2010: une partie de cette peine était couverte par ses années de prison en attente du procès, il avait pour le reste bénéficié des remises de peines.

L'enquête «avance», a assuré un peu plus tôt le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, sans donner plus de précisions. Deux hommes sont également toujours en garde à vue depuis ce jeudi dans les locaux de la police judiciaire des Hauts-de-Seine. «Il s'agit de deux hommes âgés de 46 et 38 ans» selon le parquet de Paris.

Que s’est-il passé ce jeudi ?

En pleine traque pour retrouver les auteurs de l'attentat commis mercredi contre Charlie Hebdo, une fusillade a éclaté ce jeudi matin à Montrouge (Hauts-de Seine). Le scénario du drame est encore très flou. Une policière municipale a été tuée par balles peu après 8 heures, avenue Pierre-Brossolette à Montrouge, alors qu'elle intervenait sur un banal accrochage entre deux voitures. Deux versions sont retenues par la police : dans la première, le tireur pourrait être l'un des deux conducteurs impliqués dans l'accident. Dans la deuxième, il aurait fait irruption à bord d'un troisième véhicule, une Clio, en tirant de l'intérieur avec une arme automatique. Une dernière version est, elle, rapportée par un agent municipal présent au moment de la fusillade. Ce dernier affirme avoir vu le tireur, «habillé tout en noir», arriver et repartir à pied.

Ce qui est certain c'est qu'au moins trois coups de feu ont été tirés. La policière municipale a été touchée par deux balles, dont l'une dans la gorge selon une source policière. Elle a succombé à ses blessures quelques minutes plus tard. Un agent de la voirie, aussi touché par une balle, est désormais hors de danger. Le tireur a aussitôt repris la fuite. «J'ai entendu les coups de feu. Je suis descendu et j'ai vu la policière à terre se faire réanimer par des personnes autour. J'ai appelé les pompiers, qui sont arrivés très vite sur place», raconte Chérif, encore tremblant. Zara, qui habite depuis trente-huit ans dans le quartier est encore sous le choc : «J'ai entendu des boums, j'ai cru que c'était des travaux puis j'ai entendu des sirènes. J'ai emmené ma fille à l'école. Les enfants n'avaient pas le droit de passer par la cour par précaution, ils étaient apeurés.»

La policière était-elle armée ?

Non. Elle portait un gilet pare-balles mais n'avait pas d'arme sur elle, ce qui provoque la colère de ses collègues. «Nous ne sommes pas protégés, dénonce Patrick Carré, président national CFTC police municipal, les maires mettent encore aujourd'hui des policiers municipaux non armés pour surveiller les lieux sensibles, avec ce qui se passe ce n'est pas normal.» Le syndicat appelle les policiers municipaux à exercer leur droit de retrait. Le Syndicat de défense des policiers municipaux (SDPM) doit être reçu au ministère de l'Intérieur ce vendredi.

L’agent, Clarissa Jean-Philippe, avait 26 ans. Célibataire et sans enfant, elle était officiellement titulaire depuis quinze jours. Le Premier ministre Manuel Valls lui a rendu hommage sur son compte Twitter :

«On vient de vivre deux journées d'horreur coup sur coup, explique Fabien Golfier, chargé de la police municipale à la Fédération autonome de la fonction publique territoriale, l'année 2015 sera durablement marquée. Nous ne sommes pas en mesure de riposter face à des rafales de tirs d'armes de guerre.»

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