Le jour d'après, par Louison, dessinatrice de presse

Jeudi matin, avant l'heure du réveil, avant même le lever du soleil, j'ai ouvert les yeux d'un coup. Comme ces poupées anciennes quand on les assoit…

Publié le 09 janvier 2015 à 14h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h27

Il a fallu dix secondes pour remettre les choses en ordre dans ma tête : nous étions donc le jour d'après. L'après, c'est cet horrible endroit dans lequel on est bloqué sans avoir rien demandé. L'après ressemble à ce moment où l'on claque la porte derrière soi, et qu'on comprend que les clefs sont restées à l'intérieur.

Nous sommes 66 millions à être restés dehors mais quelques-uns à avoir coincé nos doigts dans la porte. Nous sommes tous Charlie, mais quelques-uns d'entre nous sommes privés de nos copains et obligés de retourner à nos crayons alors que les meurtriers de nos frères de feutres sont toujours dans la nature.

On se pose depuis des décennies la question : peut on rire de tout ? Le dilemme auquel nous faisons face aujourd'hui c'est : peut-on rire sans ceux qui pouvaient rire de tout ? Le jour de l'attentat, Plantu a déclaré « comment ne pas dessiner un jour comme aujourd'hui, et comment dessiner un jour comme aujourd'hui ? » Cette question, à l'heure où Charlie annonce sa sortie en kiosque mercredi prochain à un million d'exemplaires résonne en chacun de nous.

Nous sommes Charlie mais Charlie c'était eux. Il va falloir maintenant assurer la relève. Sans eux. Sans les seuls capables de faire face à ce genre d'horreur. Et affronter chaque jour ce fameux jour d'après. Le Phoenix n'est pas un oiseau de feu : c'est un canard de fous qui ne meurt jamais.
 

Le site de Louison:  http://www.louison2.com

A lire aussi, son témoignage sur ChEEk magazine

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