RASSEMBLEMENT - Dimanche 11 janvier, nous participerons tous à une marche en réaction au massacre de la rédaction de Charlie et aussi, aux événements qui s'en sont suivis, et pour rendre hommage à tous ceux tombés sous les balles des tueurs.
Partant de ce principe, alors, oui je peux dire que je suis à la fois Charlie, juif, policier et musulman.
L'idée de ce rassemblement, c'est de crier qu'il est intolérable que l'on touche à des gens qui dessinent, qui caricaturent, dont la liberté d'expression est la raison d'être. Il est insupportable aussi qu'on s'en prenne à des juifs dans la France d'aujourd'hui. Comme il est inacceptable de tuer des policiers, en exercice ou non.
De la même manière, je trouve invivable qu'on stigmatise les musulmans comme s'il était juste de les rendre responsables du comportement psychopathe de certains.
Alors, oui, cette manifestation est un élan pour dire "on est avec vous". C'est un pare-feu gigantesque dans un monde où les crispations identitaires s'entremêlent à la crise économique. Tous les facteurs sont réunis pour que ça pète. Et bien, non, ça ne pètera pas, au contraire, la France entière se réveille, dans un sursaut républicain, pour démuseler la parole.
Et nul besoin de s'attarder sur les contingences politiciennes, la montée en puissance de vieilles haines recuites ne m'intéresse pas. Nous sommes là pour parler d'autre chose.
Luz l'a bien dit, dans une très belle interview donnée aux Inrocks: "On fait porter sur nos épaules une charge symbolique qui n'existe pas dans nos dessins et qui nous dépasse un peu. Je fais partie des gens qui ont du mal avec ça."
Alors voilà, je viens dimanche à ce défilé en tant que citoyen et rien d'autre, et je crois bien que c'est pareil pour tous ceux qui ont besoin de s'y rendre.
C'est un acte symbolique, pour que l'électrochoc dure. Ils ont tué des journalistes, des juifs, des flics... et ils ont fini leur barbarie dans une ironie qui n'aurait pas déplue à Charb et à ses copains. Les deux frères massacrent un journal et finissent leurs jours dans une imprimerie. Le grand malade veut tuer des juifs et meurt dans une épicerie cacher.
Et plus ironique encore, c'est un employé musulman qui a aidé les juifs de la supérette à se cacher du tueur. C'est un policier musulman qui s'est fait abattre pour protéger Charlie. C'est une boucle extraordinairement symbolique, qui est la raison pour laquelle les gens descendent dans la rue.