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« Hier, la France a repris la Bastille »

La presse étrangère célèbre une mobilisation « triste et festive à la fois » où les Français ont trouvé dans le bain de foule « une forme de réconfort collectif ».

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Publié le 12 janvier 2015 à 08h33, modifié le 12 janvier 2015 à 08h43

Temps de Lecture 3 min.

Marche à Toronto, dimanche.

« Ils sont venus par plusieurs centaines de milliers : des jeunes, des vieux, black-blancs-beurs, de gauche comme de droite. Il y avait des hommes âgés coiffés de bérets, de jeunes hommes noirs portant des casquettes de baseball, des juifs avec leur kippa, des musulmanes voilées. » Le journal britannique The Independant, comme pour la plupart des titres de la presse internationale, célèbre l'immense moblisation qui a gagné la France dimanche.

« Au moins 1,5 million de personnes ont marché (voire jusqu'à deux millions), ou en tout cas ont essayé de marcher dans une foule qui était trop dense pour permettre d'avancer, dans le centre de Paris. Ils ont marché “pour la République”, “contre la haine” et “pour l'histoire”. »

 « Une impressionnante volte-face, souligne le Wall Street Journal, dans une ville qui, quelques jours auparavant, vivait dans une atmosphère plombée par les coups de feu et les bains de sang. »

« GRANDE CATHARSIS NATIONALE »

Ces attaques ont « plongé le pays dans le deuil et la tristesse visibles sur les visages de ceux qui ont essuyé des larmes [dimanche], raconte le New York Times. La marche de dimanche a servi de grande catharsis nationale après une explosion de terreur. » « Le peuple français a découvert une forme de réconfort collectif en se rassemblant, dimanche, pour dire “nous n'avons pas peur”. Alors que la nuit tombait, ils ont continué à marcher et à se rassembler, refusant de quitter cette foule réconfortante et ce moment d'histoire », analyse The Guardian.

Un des participants à la marche d'hommage aux victimes du terrorisme en France à Toronto, dimanche.

Une catharsis qu'El Pais a vu s'exprimer dans la joie. « Ce fut un jour très triste et très festif à la fois », décrit le quotidien espagnol. Il en veut pour preuve cette fin de rassemblement où « la marche s'est presque muée en une fête, une fanfare avançant vers la place de la Bastille, entourée des drapeaux français et de ceux de pays musulmans, scandant le mot “liberté” ».

DU JAMAIS-VU DEPUIS LE 12 JUILLET 1998

« On n'avait pas vu une foule si vaste et si diversifiée marcher dans les rues de Paris depuis le soir de la victoire de la France lors de la Coupe du monde 1998, assure The Independant. Une joie spontanée avait alors explosé dans les rues. Cette fois, ce fut un cri de résistance. »

« Une ambiance étrange planait sur la foule, un mélange de tristesse, de ténacité, mais aussi, de joie. »

« La journée se poursuit à l'identique. Sans incident. Sans confrontation. Sur fond d'applaudissements adressés aux forces de l'ordre. Du jamais-vu dans l'habituelle pagaille française », s'étonne le quotidien suisse Le Temps, qui titre « Le jour où Charlie a envahi Paris ».

« UNE FORME DE RÉCONFORT COLLECTIF »

« Depuis quand, plongés dans un quotidien socio-économique plus qu'éprouvant, les Français avaient-ils été fiers, tellement fiers, d'être français, d'être ensemble, à tel point que beaucoup ne voulaient plus quitter les places, de la République, de la Bastille, de la Nation ? », s'enthousiasme le quotidien libanais L'Orient Le jour, qui parle déjà de « révolution des crayons ».

  • REUTERS/ROBERT PRATTA

  • AFP/JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

  • AFP/FRANCOIS NASCIMBENI

  • AFP/PATRICK HERTZOG

  • AFP/PATRICK HERTZOG

  • © Bertrand Gaudillère / item pour Le Monde

  • AP/Markus Schreiber

  • Martine Jacot/Le Monde

  • Frabçoise Tovo/Le Monde

  • Florence Evin/Le Monde

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« Personne en France ne pensait que cela pouvait effectivement arriver, poursuit L'Orient le jour. Qu'une “insurrection républicaine”, pour reprendre Raphaël Enthoven, pouvait exister dans la France du XXIe siècle, dans une Ve République percluse de douleurs, de doutes, d'angoisses ; qu'elle pouvait se faire par et pour des Français pourtant caricaturés volontiers de par le monde en ultrarâleurs, égoïstes et grands paresseux. Hier, la France a repris la Bastille. »

« Mais le bilan des attaques met la France face à d'autres défis, l'antisémitisme grimpant et les risques de conséquences sur la communauté musulmane en cas de récupération par l'extrême droite », rappelle le Washington Post.

« Aucun angélisme, aucun irénisme possible, conclut L'Orient Le Jour. La France ne se réveillera pas aujourd'hui débarrassée de ses crises en tout genre, la croissance n'est pas pour demain non plus. Mais quelque chose s'est passé hier. La France était “vivante comme jamais”. Aux Français de (continuer à) jouer, désormais.  »

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