Charlie Hebdo : surveiller les suspects 24h/24 aurait nécessité 40 policiers minimum

Selon plusieurs spécialistes du renseignement et de la sécurité, la décision de surveiller en permanence un individu implique la mobilisation d'effectifs importants.

Charlie Hebdo : surveiller les suspects 24h/24 aurait nécessité 40 policiers minimum

    Alors que la surveillance des deux suspects de l'attentat de mercredi contre Charlie Hebdo pose question, les spécialistes du renseignement et de la sécurité s'accordent à dire qu'au moins 20 policiers doivent être mobilisés pour suivre les agissements d'un individu au quotidien. En imaginant qu'il ait fallu surveiller en permanence autant Saïd Kouachi que son frère Chérif pour savoir qu'un tel acte de terrorisme se tramait, on peut déduire qu'il aurait fallu leur «attribuer» au total 40 policiers minimum.

    Invités jeudi soir de l'émission «Complément d'enquête» (sur France 2), un ancien patron du Raid, Amaury de Hauteclocque, et un ancien cadre de la DST chargé de la lutte contre le terrorisme, Louis Caprioli, ont expliqué qu'une vingtaine de policiers étaient nécessaires pour assurer une surveillance poussée d'un individu sensible. «Surveiller un individu 24 heures sur 24, c'est mobiliser un grand nombre de policiers. Il y a des renseignements qui sont collectés mais ensuite, il faut faire une sélection», a expliqué Amaury de Hauteclocque.

    Ancien patron du renseignement intérieur, Bernard Squarcini a affirmé jeudi soir au «20 Heures» de France 2 que «la surveillance d'un objectif opérationnel en terme d'effectifs, c'est 25 fonctionnaires (par) jour». «Les écoutes sont là pour aider en terme technique, les sources humaines sont là pour accompagner et éclairer», précise-t-il avant d'insister sur «les surveillances opérationnelles, surtout lorsqu'il faut construire et meubler une procédure qui peut faire l'objet d'un démontage par des avocats brillants».

    Selon un magistrat spécialisé interrogé par «Le Parisien/Aujourd'hui en France», «un suivi à la culotte d'une seule personne, comprenant les communications, les déplacements et le mode de vie au sens global, peut mobiliser jusqu'à une trentaine de fonctionnaires». C'est aussi l'avis de l'ex-ministre de l'Intérieur Claude Guéant, interviewé par Sud Radio : «Pour surveiller quelqu'un de façon efficace, il faut plusieurs dizaines d'hommes, mais les sites de surveillance sont très nombreux en France et, comme le disait récemment le ministre de l'Intérieur, 1.200 personnes françaises ou originaires de France sont actuellement engagées dans le combat aux côtés de l'Etat islamique. Qu'elles soient présentes, revenues ou en passe de se rendre en Syrie ou en Irak. C'est un nombre considérable et il est impossible de surveiller de façon constante un tel effectif».

    Il y actuellement 5.000 personnes «qui ont attiré l'attention des services», affirme Bernard Squarcini. Pour prendre la décision de surveiller en continu quelqu'un, «il faut des informations qui vous montrent que cet individu ou ce groupe présentent des risques de passage à l'acte», a souligné pour sa part Louis Caprioli. Or, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé jeudi soir qu'il n'y avait pas eu «d'élément» concernant les frères Kouachi «témoignant de l'imminence d'un attentat». Saïd et Chérif Kouachi faisaient l'objet d'une surveillance, mais pas dans le cadre d'une procédure judiciaire.

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